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Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 10.djvu/100

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thématiques des principes originaux, et d’une étendue immense, comme Descartes, Newton et Leibnitz ; ou, comme Newton, de transporter le premier dans les cieux, et d’étendre à tout l’univers la dynamique terrestre de Galilée : mais Laplace était né pour tout perfectionner pour tout approfondir, pour reculer toutes les limites, pour résoudre ce que l’on aurait pu croire insoluble. Il aurait achevé la science du ciel, si cette science pouvait être achevée.

On retrouve ce même caractère dans ses recherches sur l’analyse des probabilités, science toute moderne, immense, dont l’objet, souvent méconnu, a donné lieu aux interprétations les plus fausses, mais dont les applications embrasseront un jour tout le champ des connaissances humaines, heureux supplément à l’imperfection de notre nature.

Cet art est né d’un seul trait du génie clair et fécond de Pascal ; il a été cultivé, dès son origine, par Fermat et Huygens. Un géomètre philosophe, Jacques Bernoulli, en fut le principal fondateur. Une découverte singulièrement heureuse de Stirling, les recherches d’Euler, et surtout une application ingénieuse et importante due à Lagrange, ont perfectionné cette doctrine ; elle a été éclairée par les objections mêmes de d’Alembert et par les vues philosophiques de Condorcet : Laplace en a réuni et fixé les principes. Alors elle est devenue une science nouvelle, soumise à une seule méthode analytique, et d’une étendue prodigieuse. Féconde en applications usuelles, elle éclairera un jour d’une vive lumière toutes les branches de la philosophie naturelle. S’il nous est permis d’exprimer ici une opinion person-