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Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 10.djvu/107

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inséparables de la vie, dont l’aménité et les graces lui avaient fait connaître le prix du bonheur domestique, il a reçu de M. le marquis de Laplace son fils les témoignages empressés de la piété la plus touchante.

Il se montra pénétré de reconnaissance pour les marques réitérées d’intérêt que lui donnèrent le Roi et Monsieur le Dauphin.

Les personnes qui ont assisté à ses derniers instants lui rappelaient les titres de sa gloire, et ses plus éclatantes découvertes. Il répondit : « Ce que nous connaissons est peu de chose, ce que nous ignorons est immense. » C’est du moins, autant qu’on l’a pu saisir, le sens de ses dernières paroles à peine articulées. Au reste, nous l’avons entendu souvent exprimer cette pensée, et presque dans les mêmes termes. Il s’éteignit sans douleur.

Son heure suprême était arrivée : le génie puissant qui l’avait long-temps animé, se sépara de l’enveloppe mortelle, et retourna vers les cieux.

Le nom de Laplace honore une de nos provinces déjà si féconde en grands hommes, l’ancienne Normandie. Il est né le 23 mars 1749 ; il a succombé ; dans la 78me année de son âge, le 5 mai 1827, à neuf heures du matin.

Vous rappellerai-je, Messieurs, la sombre tristesse qui se répandit dans ce palais comme un nuage, lorsque la nouvelle fatale vous fut annoncée. C’était le jour et l’heure même de vos séances accoutumées ? Chacun de vous gardait un morne silence ; chacun ressentait le coup funeste dont les sciences venaient d’être frappées. Tous les regards se portaient sur cette place qu’il avait si long-temps occupée parmi vous. Une seule pensée vous était présente ; toute