Aller au contenu

Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 10.djvu/164

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tenu ; mais on savait que les Grecs modernes donnent encore ce nom à un poisson de leurs côtes qu’ils estiment beaucoup. M. l’amiral de Rigny ayant bien voulu faire prendre de ces scarus des Grecs modernes, et les envoyer au Cabinet du roi, il a été facile de reconnaître qu’ils répondent à tout ce que les anciens ont dit du leur, et que c’est la même espèce qui a gardé son nom au travers des siècles. Aldrovande se trouve être le seul moderne qui ait connu et décrit ce poisson, qu’il a nommé scarus creticus. Bloch a donné à sa place une espèce du même genre, mais assez différente ; et Belon a représenté sous ce nom de scarus un poisson inconnu aujourd’hui, et qu’il n’a peut-être dessiné ou décrit que de mémoire, en sorte qu’il a induit en erreur les autres naturalistes, et nommément Gmelin et M. de Lacépède.

Le poisson appelé tambour est le pogonias que M. de Lacépède a décrit, mais seulement d’après de petits individus.

Son espèce devient très-grande : il égale ou surpasse notre maigre, dont il se rapproche aussi par toute son organisation ; mais il s’en distingue par une multitude de petits filaments qui lui forment une espèce de barbe sous la mâchoire inférieure. Dans son gosier sont des plaques pavées de grosses dents rondes, et sa vessie natatoire, qui est très-épaisse, a, comme celle du maigre, des espèces de ramifications qui pénètrent dans l’épaisseur des chairs.

M. Cuvier, considérant que le maigre fait aussi entendre un bruit particulier, soupçonne que cette disposition de la vessie natatoire n’est point étrangère à la production de ce bruit. Néanmoins le phénomène reste encore difficile à expliquer par cette voie : c’est dans l’eau même que le bruit est produit ; il est très-fort, très-continu ; on l’entend de l’in-