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Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 10.djvu/189

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lésion particulière du cœur, dont la description avait été omise dans les principaux traités des maladies de cet organe. Il la nomme anévrisme faux consécutif du cœur ; c’est une sorte de déchirure qui se fait dans les parois du cœur à certains endroits du ventricule gauche, mais particulièrement vers sa pointe. Le sang s’engage dans cette ouverture, pousse au dehors les enveloppes membraneuses, et produit ainsi à la surface du coeur une tumeur quelquefois aussi volumineuse que cet organe lui-même : le sang se coagule dans cette espèce de poche, et y forme des couches de fibrine, qui lui opposent pendant quelque temps une résistance suffisante, et retardent ainsi une mort qui autrement aurait été inévitable.

M. Brechet, à la suite de plusieurs observations qu’il a trouvées dans les livres, ou qui lui ont été communiquées, en rapporte une qui lui est propre, et qui a été faite sur le coeur du célèbre Talma. Une poche assez grande pour contenir un petit œuf de poule communiquait avec le ventricule gauche par une ouverture circulaire d’un pouce de diamètre, garnie d’une sorte de virole cartilagineuse, épaisse de près de trois lignes ; ce qui annonce que l’ouverture était fort ancienne, bien que personne, ni Talma lui-même, qui, dans sa jeunesse, avait étudié en médecine, n’en ait soupçonné l’existence. Les émotions, les sentiments exaltés, qu’avec un talent tel que le sien il devait nécessairement éprouver dans l’exercice de son art, n’ayant point fait naître d’accidents qu’il ait pu remarquer, on doit croire que ce genre de lésion serait peu redoutable dans des hommes d’une existence plus paisible.

Un officier anglais, atteint depuis long-temps de cette