Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 15.djvu/138

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des corps durs et la perte totale de l’élasticité au point où le choc s’opère.

Mais, indépendamment des ruptures qui ont lieu dans le voisinage des empreintes, il s’en produit ici d’autres très-remarquables, à de grandes distances de là, et qui n’ont aucune connexité apparente avec les premières, attendu qu’elles proviennent uniquement de la force de réaction ou de ressort conservée par les parties non directement atteintes : lors des expériences sur un châssis d’affût de côte en fonte, très-épais, des boulets de 8, tirés à la faible vitesse de 150m par seconde, ont déterminé de larges fractures à des distances de 0m,5 et 1m,6 du point de choc. Les auteurs expliquent ces effets singuliers par la flexion générale, les nœuds et les ventres de vibration qui s’établissent dans certaines régions de la masse, et qui, ayant atteint la limite d’amplitude que comporte l’élasticité des parties, entraînent forcément des solutions de continuité : ces faits bien constatés leur font conclure que la fonte de fer, malgré sa grande ténacité, doit être proscrite de toutes les constructions militaires exposées au choc direct des projectiles, non-seulement à cause de son extrême fragilité, mais encore en raison des éclats dangereux qu’occasionnent sa rapture et celle des projectiles.

Le plomb étant un métal essentiellement mou et ductile, donne lieu à des effets de pénétration très-différents, et analogues, bien que moins prononcés, à ceux qui concernent les argiles plastiques dont nous avons déjà rendu compte : les boulets pleins qui s’y brisent souvent en éclats, ainsi qu’on l’a dit, produisent des impressions qui dépassent généralement leur diamètre en largeur et en profondeur, et qui sont accompagnées extérieurement d’un rebord ou soulèvement très-évasé et recourbé, produit par le refoulement de la ma-