Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 15.djvu/439

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1° Lorsqu’il s’agit de comparer les couleurs de deux étoffes qu’on juxtapose pour en apprécier exactement la différence ; dans ce cas, le contraste fait voir ces couleurs autrement que l’œil ne les verrait si elles étaient isolées l’une de l’autre.

2° Lorsqu’il s’agit d’apprécier si les tons d’une même gamme sont à égale distance l’un de l’autre.

3° Lorsqu’il s’agit de comparer des couleurs de teinture qui sont vues sur des fonds différents.

Les deux principes que je viens d’énoncer sont absolument opposés, puisque l’un s’applique aux cas où des rayons de différentes couleurs produisent une sensation unique, parce qu’ils arrivent sur des parties de la rétine tellement rapprochées que la perception en est confuse relativement à la distinction des parties matérielles d’où partent ces rayons, tandis que le principe du contraste s’applique aux cas où des rayons de différentes couleurs arrivant sur des parties distinctes de la rétine, nous font voir d’une manière distincte les surfaces d’où partent les rayons d’une même couleur ; et, loin que la sensation soit unique, on en perçoit deux, qui, chose remarquable, sont plus différentes l’une de l’autre, qu’elles ne le seraient si elles étaient perçues isolément et successivement.

Ces deux principes se retrouvent dans tous les arts qui ont pour objet d’imiter des objets colorés quelconques, soit que ces arts emploient pour leur imitation des matières colorées divisées pour ainsi dire à l’infini comme le fait la peinture, soit qu’ils emploient des matières colorées d’une étendue sensible, tels que des fils à l’usage de la tapisserie ; des pierres, des émaux et des verres colorés, à l’usage de la mosaïque, etc.

Les recherches auxquelles le contraste simultané des couleurs m’a conduit depuis la publication que j’ai faite sur ce