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XVJ ÉLOGE HISTORIQUE

vingt mille dans le graïul ouvrage que publie en ce moment ^I. De Candolle. Une famille, celle des composées, aura, dans ce grand ouvrage, plus de huit mille espèces ; ce sera plus d’espèces, dans une seule famille, que n’eu avait le règne végétal entier du temps de Linné.

Ce qui marque le mieux la force de l’esprit de M. de Jussieu, c’est le parti ([u’il a tiré des matériaux que l’on possédait k l’époque où il a écrit. Le nombre de ces matériaux s’est (juadruplé depuis, comme je viens de le dire ; et cependant il n’est aucun grand principe de l’ordre natiu-el qui ne soit jjosé dans son livre, et presque aucune des combinaisons établies par ses successeurs dont on ne puisse y trouver le germe. Fontenelle admire, dans Toiu’iiefort, une classification où plus de douze cents espèces nouvelles, et, ajoute-t-il, (ju’on n’attendait pas, avaient pu entrer, sans en rompre les bases. Qu’aurait-il dit de la méthode de M. de Jussieu, où près de cinquante mille espèces, inconnues au moment où l’auteur écrivait, ont pu trouver leur place, et presque partout une place indiquée d avance, une place où on les attendait ?

r^’ouvrage dans lequel M. de Jussieu expose cette méthode, fruit de combinaisons si profondément calculées, est le résultat de quinze années de travaux sans relâche. Il en commença l’inqjression en 178S ; il en avait la tête si pleine que l’impression fut commencée sans que le manuscrit fût prêt ; 1 auteur ne fut jamais en avance sur l’imi^rimeur que de deux ou trois feuilles. Il y a plus : c’est que les premières feuilles avaient été imprimées sans ces Notes, placées à la suite des caractères des familles, et qui sont peut-être, de tout le livre, la partie la plus fine et la plus profonde. M. de Jussieu fit