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XVnj ÉLOGE HISTORIQUE

artificielles, on commence par choisir un caractère parmi tous les autres ; et l’on soumet ensuite les espèces à ce caractère. Dans la méthode naturelle, la marche est tout opposée ; on y soumet le caractère aux espèces.

Les auteurs systématiques descendent des classes aux genres, des genres aux espèces ; ils vont du général au particulier. M. de Jussieu renverse complètement cette marche ; // remonte, comme il le dit lui-même, du particulier au général. Et toute la différence entre les méthodes artificielles et la méthode naturelle est là : les unes soumettant les espèces aux geni’es, les genres aux classes ; l’autre soumettant, au contraire, les classes aux genres, les genres aux espèces : les unes soumettant les faits aux idées ; et l’autre, les idées aux faits.

Dans cette route nouvelle, ouverte à la science des rapports, chaque pas de M. de Jussieu appelle l’attention du naturaliste. Le secret de sa force est dans la marche qu’il a suivie.

L’exemple des familles naturelles toutes faites le guide dans la formation des familles moins évidentes. Il voit dans ces familles, naturelle.s aux yeux de tous les botanistes, les graminées, les composées, les légumineuses, les omhelUJeres, etc., les espèces rapprochées conforménient à l’ensemble de leur structure ; et c’est là, pour lui, le trait de lumière : tout caractère qui, appliqué à l’une île ces familles, en bouleverserait les espèces, doit donc être exclu ; la première condition de tout caractère est donc de respecter le rapprochement des espèces fondé sur l’ensemble de leur structure.

£tce calcul de l’importance des caractères, déduite de leurs rapports avec l’ensemble de la structure, est le principe sur lequel l’ouvrage de M. de Jussieu repose tout entier. L’objet propre de cet ouvrage est la d istribution des genres en familles.