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de m. rochon.

qui dut le satisfaire encore davantage, c’est que, parmi les objets d’histoire naturelle qu’il avait rapportés de ses voyages, et dont il fit don au Jardin du Roi, se trouvaient les plus beaux cristaux de quartz de Madagascar que l’on eût jamais vus. Il en fit tailler quelques fragmens, y reconnut la double réfraction, conçut l’idée de la faire servir à la mesure des angles, et fut ainsi conduit à la découverte la plus importante qu’il ait faite, et qui suffirait pour faire vivre sa mémoire.

Cet instrument, qu’il nomma micromètre prismatique, n’est propre, dans le fait, qu’à mesurer de très-petits angles ; et l’auteur l’employa d’abord à déterminer les diamètres des trois planètes supérieures. On ne fit pas alors à cette invention tout l’accueil qu’elle méritait ; mais, long -temps après, l’auteur de la découverte eut la satisfaction de voir son idée heureuse acquérir une importance toute nouvelle, entre les mains d’un jeune confrère (M. Arago) qui s’en est servi avec succès pour éclaircir un des points les plus difficiles et les plus contestés de l’astronomie moderne.

Rochon voulut étendre aussi lui-même l’usage de son instrument, et le rendre propre à mesurer les diamètres du soleil et de la lune. Il s’est constamment occupé de cet objet, jusqu’à ses derniers momens ; mais, malgré tous ses efforts et les moyens ingénieux qu’il a mis en usage, il ne paraît pas encore que le succès ait couronné cette entreprise. Il fit du moins de l’idée fondamentale des applications curieuses : un prisme glissant le long de l’axe d’une lunette, marque sur une règle extérieure des nombres qui servent à reconnaître la distance des objets ; employé à la mer, il fait promptement distinguer si un vaisseau, vu dans le lointain, s’approche