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de m. messier.

Après les routes que Delisle avait d’avance tracées à la comète, dans diverses hypothèses, personne ne doutait que Messier ne dût être le premier à la découvrir, et qu’il ne s’empressât aussitôt de la signaler à tous les astronomes de l’Europe. L’élève, fidèle au plan donné par son maître, et à toutes les instructions qu’il avait reçues, muni d’un instrument dont les mouvemens étaient calculés dans un systême, se fatigua pendant un an et demi à chercher la comète où elle n’était pas. Dès la fin de décembre elle fut aperçue par un paysan qui n’y songeait guère. Le docteur Hoffmann la vit quelques jours après, et le 18 janvier elle fut encore vue par un professeur de Leipsick, qui l’observa, la calcula, la reconnut pour la comète attendue, et publia une éphéméride de ses mouvemens.

Par un hasard inconcevable, aucun de ces faits ne pénétra en France ; et ce ne fut qu’un mois après le paysan, que Messier aperçut enfin la comète. Mais, par déférence aux ordres de son maître, il fit mystère de son succès un peu tardif, et suivit l’astre en janvier, février et mars, sans en rien dire à personne. Enfin Mayer avertit Lacaille et Delisle ; et celui-ci, voyant qu’il était impossible de garder le secret plus long-temps, permit à Messier d’aller faire aux astronomes une confidence qui leur parut dérisoire.

Cette fameuse comète n’était pas la première que Delisle eût voulu garder pour lui seul. Sur un avis venu de Dresde Messier avait suivi celle de 1758 depuis le 15 août jusqu’au 2 novembre, sans en faire part à personne. Delisle mérita encore les mêmes reproches à l’occasion d’une comète découverte par Messier le 21 janvier 1760.

Ces longs et importans travaux étaient bien faits pour ac-