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Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 22.djvu/113

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portance. En exécution d’un ordre des consuls du 15 floréal an VIII, Carnot, accompagné de six officiers d’état-major, de deux courriers et d’un domestique, se rendit en Allemagne. Pendant la route, il inspecta les troupes échelonnées entre Dijon et Genève il parcourut ensuite les cantonnements du Rhin, visita les places fortes, arrêta avec le général en chef le plan de la future campagne, et revint à Paris. La trésorerie lui avait donné 24,000 francs. Au retour, il rendit 10,680 francs. Il craignait tellement que la dépense de 13,320 francs faite pour un long voyage de dix personnes ne parût trop forte, qu’il en fit le sujet d’un rapport détaillé, qu’il s’en excusait comme d’une prodigalité : « On voudra bien remarquer, disait-il dans sa lettre aux consuls, que vous aviez désiré que je donnasse de l’éclat à ma mission ; que dans les lieux principaux j’ai dû, suivant vos ordres, m’imposer une certaine représentation qu’il entrait enfin dans le caractère de générosité dont vous êtes animés, que je donnasse des gratifications à mes compagnons de voyage et de fatigue ! » Veuillez vous rappeler, Messieurs, que le voyage, la représentation, les gratifications, s’étaient élevées, au total, à 13,320 francs ; n’oubliez pas que c’était un ministre inspectant des armées qui allaient décider du sort de la patrie, qui parlait ainsi, et vous trouverez avec moi, je pense, que, si le monde se perfectionne, ce n’est certainement pas sous le rapport de l’économie.

La trésorerie ne savait comment porter en recette les 10,680 francs que lui restituait Carnot mais notre confrère n’en était pas à son coup d’essai en remontant aux époques où il inspectait les armées républicaines comme représentant du peuple, les commis des finances trouvèrent dans leurs