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Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 22.djvu/94

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Frapper sans relâche l’ennemi quand il arrive au pied du rempart d’une ville est sans doute excellent ; l’empêcher d’avancer jusque-là serait encore mieux. On approcha de ce mieux, sans toutefois l’atteindre complétement, en construisant, de distance en distance, le long de la muraille de la ville, de grosses tours rondes ou polygonales formant de fortes saillies. Si l’on se transporte par la pensée derrière le parapet des plates-formes dont ces tours étaient couronnées, il sera facile de reconnaître que sans se pencher en avant, que sans avoir besoin de trop se découvrir, qu’en s’exposant beaucoup moins que les assaillants, la garnison de chaque tour pouvait apercevoir la tour voisine depuis la base jusqu’au sommet, et de plus une certaine partie du mur d’enceinte. De cette partie du mur, qu’on appelle aujourd’hui la courtine, une moitié au moins était visible jusqu’au pied par la garnison de la tour de droite, et l’autre moitié par la garnison de la tour de gauche ; de sorte qu’il n’y avait plus une seule partie du mur dont l’assiégeant pût aborder le pied sans s’exposer aux coups directs de l’assiégé. C’est en cela que consiste ce qu’on a appelé le flanquement.

L’invention de la poudre à canon apporta des modifications profondes au système de fortifications au point de vue de l’attaque et de la défense. À l’aide de cette invention et de celle dés bouches à feu qui en fut la conséquence, l’assiégeant aurait pu faire brèche au rempart à coups de canon, et de fort loin. D’un autre côté, l’assiégé aurait eu les moyens d’atteindre l’assiégeant longtemps avant qu’il ne fût parvenu, par ses cheminements, aux murs d’enceinte. On adossa alors à ces murs de vastes remblais sur lesquels l’artillerie du plus gros calibre pût se mouvoir librement.