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éloge de m. de beauvois.

miner parmi les colons blancs, M. de Beauvois fut nommé à la deuxième assemblée coloniale, qui se réunit au mois d’août 1791, époque désastreuse pour Saint-Domingue, où les hommes de couleur libres commencèrent à s’assembler dans les provinces de l’oust, afin de conquérir par la force les droits civils que les blancs persistaient à leur refuser, et où, presque en même temps, les esclaves noirs s’insurgèrent dans la province du nord, et mirent tout à feu et à sang dans la plaine du Cap. Ce dernier mouvement était le plus terrible, celui qui exigeait les mesures les plus promptes. M. de Beauvois s’arma, et commanda plusieurs détachements envoyés contre les nègres ; mais le nombre de ces derniers suppléant à leur ignorance, ils faisaient sans cesse des progrès. Il fallut bientôt demander des secours, non pas à la France, qui était trop éloignée, et de qui les hommes de Saint-Marc attendaient peu de chose, mais aux colonies européennes les plus voisines, sans distinction de nation, car la révolte des esclaves les menaçait toutes. À plusieurs reprises, on envoya des députations à la Martinique, dans la partie espagnole de Saint-Domingue, à la Jamaïque et aux États-Unis.

Au mois d’octobre 1791, M. de Beauvois fut dépêché à Philadelphie avec un négociant du Cap nommé Payan, afin de solliciter le zèle du ministre de France M. de Ternan ; il y résida pendant près de deux ans, mettant la plus grande ardeur à procurer des fonds et des vivres à la ville du Cap, que la guerre avec les nègres réduisit souvent à un état voisin de la famine.

Mais, dans l’intervalle, la révolution avait suivi sa marche inexorable. Les idées qui l’emportaient en France, ne laissaient plus espérer que les assemblées législatives transigeas-