Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 6.djvu/314

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nonobstant toutes les dissemblances secondaires qui en dérivent, la proportion relative des hivers et des étés, la longueur de ceux-là et la température de ceux-ci, sont des traits de conformité si saillants, des circonstances tellement prédominantes, qu’il n’en a pas fallu davantage pour imprimer aux productions des deux climats une ressemblance qui tient de l’air de famille. Nous reconnaissons dans les plantes des deux régions, un aspect qui leur est commun, les mêmes types et souvent les mêmes espèces ; la flexibilité de l’organisme s’est prêtée à ce que les conditions respectives avaient de divers. Mais cette flexibilité a ses bornes : au terme qu’elle ne pouvait dépasser s’arrête également la conformité des espèces ; et d’autres espèces se sont introduites, modifiées de manière à satisfaire aux nécessités locales sans altérer l’unité du modèle commun. Les premières représentaient la similitude générale des deux climats, et dissimulaient les différences ; les dernières représentent les différences, sans cesser de représenter les analogies. Les êtres organiques, instruments d’une délicatesse exquise et accessibles à toutes les impressions, subissent et révèlent à leur manière l’influence d’une foule d’actions physiques, sur lesquelles l’observation directe n’a pas de prise. Ils disent tout, mais en un langage qui ne nous est pas toujours intelligible. Aussi long-temps que nous le comprenons, nous voyons ordre, harmonie, économie d’efforts, accord admirable entre les fins et les moyens. Cessons-nous d’entendre ? là commencent pour nous les caprices de la nature.