Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 7.djvu/159

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partie physique.

lance, reptile qui pendant long-temps a inspiré une terreur telle, qu’il a peut-être retardé d’un siècle la population de cette île, et qui encore aujourd’hui, malgré la chasse assidue qu’on lui donne et la destruction que l’on en fait, y cause chaque année la mort d’un assez grand nombre d’individus, surtout parmi les nègres. Sa longueur va quelquefois à plus de 7 pieds. On le nomme serpent jaune parce qu’il est souvent de cette couleur, mais il y en a aussi de noirâtres et de tigrés de noir. Ses crochets venimeux ont jusqu’à 15 lignes de longueur. On lui compte sous le ventre de 220 à 240 plaques, mais celles du dessous de sa queue sont constamment au nombre de 62 ; du reste il offre tous les caractères des autres espèces de son genre. Son agilité, hors le temps de la digestion, est formidable ; un instinct féroce le porte à s’élancer sur les passants, et, quand on l’aperçoit, il est d’ordinaire déjà dans une attitude hostile ; roulé en spirale, la tête au sommet de l’espèce de cône qu’il forme, il ne lui faut qu’un instant pour atteindre sa victime. M. de Jonnès assure même qu’il peut se dresser sur sa queue, et surpasser alors un homme en hauteur. Son ouïe est très-fine et se réveille par un bruit léger ; ses yeux saillants et vifs, au moyen de l’élargissement ou du rétrécissement de leur pupille, lui servent la nuit et le jour, comme ceux des chats ; il se tient dans des lieux obscurs, et choisit pour sa chasse le coucher du soleil ou les jours sombres et nébuleux. Sa vitalité est très-longue, son corps s’agite encore spontanément huit heures après qu’on a séparé la tête, et beaucoup plus tard si on le provoque. On a cru que l’on pouvait être averti de sa présence par l’odeur infecte qu’il exhale, mais rien ne serait plus dangereux que d’attendre cet indice ; ils n’en répandent pas tous