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éloge historique

quelques heures changent un corps mort en un cadavre infect, il recueillit les peaux, les squelettes des animaux ; il en dessina et décrivit les viscères. Nous avons vu dans ses papiers des observations neuves pour le temps sur les organes de la voix des oiseaux, sur ceux de la génération et de la digestion de plusieurs quadrupèdes. La mer et les rivières lui avaient fourni les mollusques les plus singuliers. Il avait observé surtout avec beaucoup de soin et à l’état de vie, les animaux qui forment et qui habitent les coquilles ; classe que l’on avait jusqu’alors presque toujours négligée, uniquement occupé que l’on était de ces brillants téguments.

C’est avec ces trésors qu’il revint en France, après une absence de huit années. Il débarqua au Havre, au printemps de 1789.

Étranger, comme il l’était demeuré au fond de ses bois, à tout ce qui s’était passé dans cet intervalle, il ne doutait pas que l’accueil le plus honorable ne fût le prix de ses travaux ; les savants et les administrateurs devaient également s’empresser autour de lui, les uns pour s’informer de ses découvertes, les autres pour acquitter la dette du public. Mais nous venons de le dire, c’était en 1789. M. de Buffon était mort l’année précédente ; sa place avait été donnée à un courtisan d’un caractère doux et loyal, mais sans énergie, et surtout sans aucune des notions qui auraient été nécessaires pour remplir de si importantes fonctions. Ainsi l’histoire naturelle n’avait plus de protecteur ; et d’ailleurs la protection la plus puissante aurait-elle pu se faire entendre au milieu des embarras qui accablaient de toutes parts un gouvernement aussi inhabile que malheureux ? Notre pauvre voyageur, un rapport de l’Académie à la main, qui constatait l’étendue