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Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 8.djvu/121

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pour entourer les arrière-narines, mais les laissent largement ouvertes comme dans la plupart des quadrupèdes. Sur cette particularité et sur quelques différences légères de proportion dans les os qui entourent la fosse temporale, M. Geoffroy voudrait aussi faire de cet animal un genre distinct, pour lequel il propose le nom de teleo-saurus, par lequel il cherche à exprimer les traits de ressemblance que ses arrière-narines lui donnent avec des animaux plus parfaits que les reptiles : avec les mammifères.

Il conjecture que les crocodiles fossiles des environs de Honfleur, que M. Cuvier a fait connaître, doivent avoir aussi quelque chose de particulier dans leurs arrière-narines, non pas qu’il ait vu cette partie de leur ostéologie, mais parce que les portions retrouvées jusqu’à présent lui semblent indiquer ces variations, et sur cette conjecture il propose d’en faire aussi un genre distinct, qu’il appelle steneo-saurus.

Depuis long-temps les géologistes se sont occupés de savoir si les êtres qui vivent aujourd’hui sur la terre sont des descendants modifiés par le temps et les circonstances de ceux dont on trouve les débris dans ses entrailles ; et M. Geoffroy n’a pas manqué de traiter aussi cette question à propos de ces teleo-saurus et de ces steneo-saurus ; et quoiqu’il propose de faire de ces animaux des genres particuliers, comme les différences sur lesquelles ces genres reposeraient, portent principalement sur les formes de leurs arrière-narines, il croit que les espèces actuelles peuvent en descendre par une succession non interrompue, mais que de grands changements dans l’état du globe et de l’atmosphère ont pu amener par degrés des modifications dans ces organes à mesure qu’ils modifiaient la respiration et les autres fonctions.