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Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 8.djvu/152

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Encore tout enfant il prenait un plaisir singulier aux cérémonies religieuses, et surtout aux chants de l’église, car le goût de la musique, cet allié naturel des sentiments tendres, se joignit promptement à lui au penchant pour la dévotion. Le prieur d’une abbaye de Prémontrés, principal établissement de son lieu natal, qui avait remarqué son assiduité au service divin, chercha un jour à lier conversation avec lui, et, s’apercevant de la vivacité de son intelligence, il lui fit donner des leçons par quelques-uns de ses moines. Les progrès de l’enfant ayant promptement répondu aux soins de ses maîtres, ceux-ci s’intéressèrent à lui de plus en plus, et firent entendre à sa mère que si elle pouvait seulement le conduire pour quelque temps à Paris, elle finirait, avec leurs recommandations, par obtenir quelques ressources pour lui faire achever ses études.

À peine cette excellente femme en avait-elle de suffisantes pour subsister quelques mois dans la capitale ; mais elle aima mieux s’exposer à tout, que de manquer à l’avenir qu’on lui laissait entrevoir pour son fils. Long-temps cependant sa tendresse ne reçut que de bien faibles encouragements. Un jeune homme, dont le nom devait un jour remplir l’Europe, ne trouva de moyen de vivre qu’une place d’enfant de chœur dans une église du quartier Saint-Antoine. Ce poste, disait-il naïvement dans la suite, eut du moins cela d’agréable que je n’y laissai pas enfouir mon talent pour la musique ; et en effet, toujours fidèle à ses premiers goûts, il devint bon musicien, et acquit assez de force sur le violon et sur le clavecin, deux instruments dont il s’est toujours amusé. Enfin, le crédit de ses protecteurs de Saint-Just lui procura une bourse au collége de Navarre, et ce fut seulement alors qu’il