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Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 8.djvu/154

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règne, ont obtenu plus de succès que beaucoup d’ouvrages à prétentions : Une grande conformité de caractère et de sentiments engagea M. Haüy à le choisir pour son ami de cœur et pour son directeur de conscience ; dévoué à lui comme un fils, il le soignait dans ses affaires, dans ses maladies et l’accompagnait dans ses promenades. Lhomond aimait la botanique, et M. Haüy, qui à peine en avait entendu parler, éprouvait chaque jour le chagrin de ne pouvoir donner à leur commerce cet agrément de plus. Il découvrit dans une de ses vacances, qu’un moine de Saint-Just s’amusait aussi des plantes. À l’instant il conçut l’idée de surprendre agréablement son ami, et dans cette seule vue il pria ce religieux de lui donner quelques notions de la science, et de lui faire connaître un certain nombre d’espèces. Son coeur soutint sa mémoire ; il comprit et retint tout ce qui lui fut montré, et rien n’égala l’étonnement de Lhomond, lorsqu’à sa première herborisation, Haüy lui nomma en langage de Linnæus la plupart des plantes qu’ils rencontrèrent, et lui fit voir qu’il en avait étudié et détaillé la structure.

Dès lors tout fut commun entre eux jusqu’aux amusements, mais dès-lors aussi M. Haüy devint tout de bon naturaliste, et naturaliste infatigable. On aurait dit que son esprit s’était éveillé subitement pour ce nouveau genre de jouissance. Il se prépara un herbier, avec des soins et une propreté extraordinaires[1], et s’habitua ainsi à un premier emploi des mé-

  1. Il y employa des procédés particuliers qui ont conservé jusqu’à présent la couleur des fleurs. Voyez ses observations sur la manière de faire des herbiers, dans le volume de l’Académie de 1785, pag. 210.