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Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 8.djvu/162

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pable d’en suivre toutes les conséquences ; mais au lieu de la répéter sur des cristaux différents, et de reconnaître ainsi par l’expérience dans quelles limites ce fait pouvait se généraliser, Bergman se jeta dans des hypothèses, et dès le premier pas il s’égara. De ce rhomboïde du spath, il prétendit déduire non-seulement les autres cristaux de spath, mais ceux du grenat, ceux de l’hyacinthe qui n’ont avec lui aucun rapport de structure. Ainsi, un savant du premier ordre, consommé dans la physique et la géométrie, s’arrêta sur le chemin d’une belle découverte, et elle se trouva réservée à un homme qui commençait à peine à s’occuper de ces sciences, mais qui sut poursuivre cette vérité, comme la nature veut qu’elles soient toutes poursuivies ; en marchant à pas pas, en observant sans relâche, et en ne se laissant ni emporter ni détourner par son imagination.

Mais par la raison que les autres minéralogistes n’avaient pas su trouver la bonne voie, ils ne surent pas non plus saisir combien celle de Bergman en différait, et ils accusèrent M. Haüy de lui avoir emprunté ses idées, lui qui à peine connaissait le nom de Bergman, et n’avait jamais aperçu son Mémoire. Ils ajoutaient, comme on le fait toujours en pareille occasion, que non-seulement la découverte n’était pas de M. Haüy, mais qu’elle était fausse.

Romé Delisle, minéralogiste, qui d’ailleurs n’était pas sans mérite, mais qui s’occupait depuis long-temps des cristaux sans avoir seulement soupçonné le principe de leur structure, eut la faiblesse de le vouloir combattre quand un autre l’eut découvert[1]. Il trouva plaisant d’appeler M. Haüy

  1. Voyez la note de la page 27 de la préface de la Cristallographie, par Romé Delisle, édition de 1783, et les pag. 28 et 29 de cette même préface.