Aller au contenu

Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 8.djvu/171

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’espèces, c’est-à-dire de la génération ; qu’à peine peut-on y admettre le principe de l’individualité, telle qu’on la conçoit dans les règnes organiques, c’est-à-dire, cette unité d’actions d’organe divers concourant à l’entretien d’une même vie.

Ce n’est point par la matière que se manifeste l’identité de l’espèce dans les plantes et dans les animaux, c’est par la forme, comme le nom même d’espèce l’indique déja : il n’est peut-être pas deux hommes, deux chênes, deux rosiers qui aient les substances composantes de leur corps en même proportion, et même ces substances changent sans cesse ; elles circulent dans cet espace abstrait et figuré que l’on nomme la forme de l’être, plutôt qu’elles n’y séjournent ; dans quelques années, il ne restera peut-être plus un atôme de ce qui compose notre corps aujourd’hui ; la seule forme est persistante ; la seule forme se perpétue en se multipliant ; transmise par l’opération mystérieuse de la génération à des séries d’individus sans fin, elle attirera successivement en elle des molécules sans nombre de matières diverses, mais toutes passagères.

Au contraire, dans les minéraux où il ne se fait point de mouvement apparent, où les molécules une fois placées restent à leur place jusqu’à ce qu’une cause violente les arrache les unes aux autres, où la matière, en un mot, est persistante, il semblerait au premier coup-d’oeil que ce serait elle, ou en d’autres termes, que ce serait la composition chimique qui devrait faire l’essence de l’être ; mais en y réfléchissant davantage, on vient à comprendre que si les matières elles-mêmes sont diverses, ce ne peut guère être que par la forme de leurs molécules ; on conçoit de plus que de ces formes t