Page:Mémoires de la comtesse de Boigne Tome IV 1922.djvu/180

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
175
EXPÉDITION DE LA DUCHESSE DE BERRY

jusqu’en haut ; elle s’en remplit incontinent et ses malheureux habitants en furent comme asphyxiés.

Lorsque la souffrance d’une extrême chaleur s’y joignit et que la robe de madame la duchesse de Berry prit feu, le comte de Mesnard (qui déjà avait ouvert l’avis de se rendre, après avoir entendu l’ordre donné aux gendarmes de ne quitter la chambre sous aucun prétexte et compris que toutes les issues étaient gardées), le comte de Mesnard, sans demander de nouveau une permission obstinément refusée, donna dans la plaque le premier coup de pied qui appela l’attention des gendarmes. Une fois la décision irrévocable, madame la duchesse de Berry ne fit point de reproches et se conduisit comme nous avons vu.

Ma mémoire ne me fournit aucune circonstance particulière sur son embarquement. Elle fut conduite à bord de la Capricieuse, goélette de l’État, en prisonnière bien gardée, mais avec les égards dus à son rang et le respect acquis à des malheurs supportés avec un aussi grand courage.

Son arrestation ne provoqua aucune manifestation en Bretagne ni en Vendée. Elle montra un très vif dépit en apprenant que monsieur Guibourg restait à Nantes et parut très émue en s’en séparant. Du reste, son calme, accompagné d’une sorte de gaieté et d’une complète liberté d’esprit, ne se démentit pas. Le zèle de monsieur de Mesnard suppléant à ses forces, il insista pour la suivre.

Elle laissa, parmi toutes les autorités de Nantes, un sentiment d’admiration et de sympathie dont le contrecoup retentit sur leurs chefs à Paris ; mais cela ne s’étendit pas au delà et ne gagna pas le public. On voulait avant tout la tranquillité.

Au conseil, monsieur Guizot se montra partisan des