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EXPÉDITION DE LA DUCHESSE DE BERRY

Il s’ensuivit un nombre considérable de duels. Une légion de chevaliers français se forma pour défendre la vertu de Marie-Caroline envers et contre tous. Un de mes cousins, le comte Charles d’Osmond, se battit avec le rédacteur du Corsaire. Cette manie gagna les provinces ; on olindait partout. Il fallut que le gouvernement et les chefs des différents partis s’interposassent pour mettre un terme à ces sanglantes prouesses.

Le rapport du docteur Orfila, d’une part, et ceux de Blaye, qui continuaient à représenter madame la duchesse de Berry comme très souffrante, de l’autre, décidèrent un nouvel envoi de médecins.

Les réclamations des carlistes furent d’autant plus violentes et insultantes sur l’infamie d’avoir mis au nombre monsieur Dubois (chirurgien des plus habiles, mais connu comme ayant accouché l’impératrice Marie-Louise) qu’eux-mêmes furent induits en erreur par leurs propres agents.

Le docteur Guitrac, que la commission venue de Paris s’associa, se trouvait dans le secret de la grossesse ; mais, ayant mal interprété les réponses de la princesse et de sa femme de chambre, madame Hansler, qu’il ne put interroger en particulier, il crut le danger conjuré par quelque accident ; et, à son retour à Bordeaux, il affirma les bruits répandus sur la grossesse de madame la duchesse de Berry entièrement faux et parfaitement calomnieux.

Sur cette assurance, monsieur Ravez, ami intime du docteur, publia la ridicule protestation où il répond sur sa tête de la vertu de Madame. Tout le parti reprit une complète sécurité et un redoublement de violence.

Le duc de Laval, le duc de Fitzjames, le comte de La Ferronnays, écrivirent de Naples pour demander à remplacer madame la duchesse de Berry dans les cachots et