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LE MARIAGE DU DUC D’ORLÉANS

si j’osais m’exprimer ainsi, la plus religieuse, puisqu’elle était la plus recueillie.

Bientôt après ces nombreuses épreuves qu’elle soutint merveilleusement, la princesse fut ramenée dans son intérieur ; mais ce ne fut pas sans trouver le secret de semer sur sa route, en traversant la foule, des paroles obligeantes qui prouvaient que les présentations de la veille n’étaient pas oubliées et des sourires gracieux recueillis avec empressement.

Hormis les deux jeunes époux, toute la famille royale assista comme de coutume au déjeuner.

Le Roi avait déjà fait visite à ses enfants. Il avait rappelé à monsieur le duc d’Orléans la messe d’action de grâces qui se devait dire à midi à l’occasion du mariage.

Madame la duchesse d’Orléans témoigna le désir d’y assister et pria le Roi de solliciter de la Reine la permission de l’y accompagner : elle aussi avait besoin de remercier Dieu de son bonheur.

En conséquence, on fut un peu étonné de la voir arriver dans la tribune, à côté de la Reine sa belle-mère ; elle y eut le maintien le plus parfait. Le bruit se répandit qu’elle était devenue catholique ; et je me persuade que, si sa nouvelle famille avait osé le demander aussi vivement qu’une partie d’entre elle le désirait, cela n’aurait pas été très difficile à obtenir.

Mais le Roi, et surtout monsieur le duc d’Orléans, auraient trouvé une aussi prompte abjuration impolitique.

Je ne sais si, dans cette occurrence, ils jugeaient sainement. L’immense majorité des français est catholique ; la perspective d’une reine protestante n’est agréable à aucun et contriste beaucoup de cœurs sincères ; mais, depuis la révolution de 1830, on a constamment cru devoir sacrifier le sentiment des masses