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DESCRIPTION DE PARIS ami des études et grand chercheur de livres ; il habite au collège de Latran, près de Dorât. J’ai vu sa bibliothèque, riche eu ouvrages de tous genres ; j’ai remarqué entre autres une édition princeps de THistoire naturelle de Pline imprimée sur vélin à Rome en 1470^ ; l’impression est belle, sans trop d’abréviations. Il possède aussi des tablettes de cire et des monnaies antiques en grand nombre, entre autres des pièces à Teffigie de Camille, de Pompée, de Marins, de Cicéron, etc. ; un miroir d^optique qui donne des images diverses et bizarres ; un très petit volume qui contient rÉvangile mystique de saint Jean^, l’Oraison dominicale et la Salutation angélique ; les lettres n^en sont pas liées, et en le voyant j’ai compris qu^il n’était ni étonnant, ni impossible que les Grecs aient fait tenir l’Iliade d^Homère sur une coquille. Philippe Des Portes, poète français et latin, est un homme souple et très écouté à la cour. Ronsard, maladroitement interrogé par un courtisan de ses admirateurs sur la différence qu’il trouvait entre lui-même et Des Portes, répondit qu’ils différaient entre eux comme un poète d’un poètaste, c’est ainsi qu’on appelle les producteurs d’œuvres plus verbeuses que savantes. Des Portes avait suivi Henri III en Pologne lorsqu’il fut élu roi de ce pays, et il avait fait prospérer sa fortune au point qu’en peu d’années il arriva à posséder plus de 20, 000 livres^. Il n’est pas étonnant que la France ait déjà produit tant de savants, et Lipsius a bien eu raison de dire « Galli mihi quidem hodie sic perpoliti videntur omni génère doctrinae, ut nihil intersit (ab Italis) praeter cœlum et solum^. » Les grandes libéralités des souverains font, du reste, penser au vers de Martial : Sint Mœcenates^ non deerunt^ Flacce, Marones ’. parut en 1584 ; son cabinet de livres semble avoir eu une certaine importance. Dorât a fait deux épigrammes à son sujet. (Joannis Aurati Poematum lib, V, Epigrammatum librilIL, , Lutetiae Parisiorum, i586, in-8*. Pars II, p. 56-57.) 1. Hain, Repertorium, n* *i3o88. 2. Cf. le ms. lat. 10439 de la Bibliothèque nationale. 3. On sait que Despbrtes, poète favori de Henri III, tira un grand profit des flatteries dont il gratifia le roi. V07. V Introduction de l’édition de ses Œuvres par Alfred Michiels, dans la collection de la Bibliothèque gauloise (Paris, 1^58, in-i6). 4. Justi Lipsii antiquarum leetionum commentariut, lib. V, epist. xa (Antverpiae, 1575, in-8*, p. 207). 5. Epigr, VIII, 56. PAR