Page:Mémoires de la société de l'histoire de Paris et de l'Ile-de-France, 26.djvu/201

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ARNOLD VAN BUCHKL. l83 abbaye creusée dans le roc, avec une église, un réfectoire, des cellules, le tout dans la pierre pleine ; du dehors on ne voit que des ouvertures, on croirait à des fours ; les moines, peu nombreux, vêtus de capes bleu foncé, se disent Franciscains. 10 mai. ^ Sur les deux rives de la Seine se trouvent des bourgades et des châteaux normands tels que Caudebec, dont Polydore Vergile parle comme d’une place très forte, à propos de Henri V, Quillebœuf, Ronfleur, Tancienne Lillebonne, oîi le fleuve est très dangereux, à cause de ses méandres et de ses gués, des débris de bateaux dispersés çà et là en sont la preuve ; des pilotes normands se joignirent à nous, car nous ne connaissions pas les bas-fonds ; ils nous conduisirent pendant cinq lieues pour onze écus d’or soleil {sic). Non loin est Harfleur, qui a titre de comté, c’est un bourg peu considérable ; de là, poussés par le vent du nord, nous sommes arrivés au Havre de Grâce. Polydore Vergile, dans son Histoire d’Angleterre, parle à plusieurs reprises d’un vaste port situé à l^mbouchure de la Seine, notamment à Tannée 1 1 70. La première ville qui s’éleva à cet endroit fut Harfleur, dont j’ai déjà parlé, il ne parle pas du port de Grâce, et je ne crois pas que le port que nous avons vu ait été fondé le premier, on l’appelle le Port-Neuf ; son fondateur est François P% si je m’en rapporte aux armes de la ville, qui portent une salamandre sur champ fleurdelisé, emblème allégorique de François I*’. Le Havre fut pris par les Anglais au temps de la reine Elisabeth et repris spus Charles IX, comme le montre la fresque avec inscription qui est au-dessus d’une porte de Fontainebleau. La site et le port lui-même sont fort importants, on y est absolument maître du cours d’un fleuve très fréquenté, et le roi ne Ta pas fortifié avec moins de soin que Calais. L’air est salubre, les rues sont larges, la plupart des habitants sont marins ; il y a deux grandes places de marché, les habitants y apportent de Provence, d’Espagne et des îles divers produits exotiques. On y construit une belle église avec des tours, les fondations du château fort sont achevées, des fontaines claires et fraîches approvisionnent la ville d’eau. (Dessin de la ville et de ses armes.) Descendant du bateau, nous sommes allés loger, à mon grand regret, au Coq (Galli lunati)^ oii une hôtesse anversoise, passée maîtresse dans Tart de la charlatanerie, vendait non seulement du vin, du pain et de la viande, mais aussi ses paroles.184 DISGRIPTION