l'œuvre de l’église Saint-Bernard, et, le 9 juin, 2, 000 florins d’or, soit, en, moins d^un mois, 120 ou i5o, ooo francs de notre mon* naie. La première des deux pièces comptables auxquelles j'emprunte ces détails déclare formellement que l'église est construite aux frais du pape.
Un mot maintenant sur les banquiers chargés d’opérer les versements. C’étaient des membres de la célèbre famille florentine des Acciajuoliy ayant un comptoir à Avignon et un autre à Paris ^ Ils appartenaient à cette vaste corporation de banquiers, les Lombards, qui ont tenu une si large place dans les annales financières de notre pays et dont M. Piton a retracé l'histoire avec tant d’érudition.
Pour les années 1339-1341, un registre des Archives vaticanes nous fait connaître une série de fustiers, de forgerons et autres artistes ou artisans employés à la construction, soit de la nef, soit de la voûte de l'église, tels Jean Champion, J. Maurelet, J. Quartet, etc.
A ma demande, Mgr Duchesne, le savant directeur de notre École française de Rome, a bien voulu faire relever par un des jeunes érudits attachés à notre grande institution nationale, M. Poupardin, les noms de ces différents maîtres. On en trouvera la liste ci-après.
Nos documents ne dépassent pas l'année 1341.
A en croire les historiens, Benoît XII aurait « laissé de très grands fonds pour exécuter son intention ; mais l’argent ayant été volé en chemin, comme on rapportait en France, pendant les troubles et les confusions étranges du règne de Charles VI {sic), tout demeura imparfait’. >
Ce qui est certain, c’est qu^un autre religieux de l'ordre de Cîteaux, le cardinal Curti (f i36i), entreprit la continuation des travaux ; lui aussi mourut avant qu’ils fussent achevés. Dulaure rapporte que l'édifice, resté imparfait, présentait l'image d’une ruine très pittoresque. « On y voyait l'architecture sarrazine perfectionnée se rapprocher un f>eu du genre grec. Les colonnes qui
1. Voy. sur les Acciajuoli les Famiglie ceîebri de Litta, t. X.
2. G. Brice, Description de la ville de Paris. Paris, 1762, t. II, p. 428.ET
