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dation de Charles VI II, d’après son biographe Louis Le FerroQ^ A une extrémité de cette place se trouve le grand cimetière des Innocents^, rempli de tombeaux et d^épitaphes ; Tune d^elles est celle d’une certaine dame appelée Yolande Bailly’, qui mourut en 1 5 14, âgée de quatre-vingt-huit ans, après un veuvage de qua- rante-deux ans ; elle a connu ou pu connaître deux cent quatre- vingt-quinze enfants ou petits-enfants nés d*elle. On avait brûlé un cadavre quatre jours avant notre visite ; mais il est rare qu’on con- serve les cendres des défunts dans des cistes funéraires ou dans des urnes, on confie plutAt les corps à la terre, enveloppés dans des linges. On montre encore dans ce cimetière une statue de marbre qui représente un enfant en pleurs ; elle est d’un art si parfait qu^on croirait en la regardant voir redoubler les larmes. Il y a aussi une statue de la mort, en marbre^, telle qu’on n’en saurait faire de plus belle. On ne la montre qu’une fois par an, le Jour des morts, comme celle de l’enSsint qu’on voit le jour de la fête des Innocents ; on dit, en effet, qu’elle représente le corps de l’en- fant crucifié par les juifs en haine des chrétiens’. Plutarque nous


1. Le couvent des filles repenties ou Madeleines pénitentes établi dans les bfttimenis de l’abbaye de Saint-Magloire, dont les religieux furent trans- férés à Saint- Jacques-du- Haut-Pas. {Amoldi Ferroni… de rébus gestis Gai’ lorum lib, IX, Basileae, iSôg, in*fol., t. Il, p. 5x ; cf. Corrozet, op, cit., éd. i586, fol. 197 V.)

2. Sur le cimetière des Innocents, voir une très intéressante étude de Bonnardoty Repue universelle des arts, t. Il (i855), p. 339-352 ; t. III (i856), p, 10-29 ; ^* ^ (i^^9)> P< 379*39^» 6t t. XI (1860), p. 225, faite d’après un ubleau de sa collection qui* représente ce cimetière vers 1570, si Ton en |uge d’après les costumes.

3. L’épitaphe de Yolande Bailly est une curiosité populaire que n*ont pas manqué de citer Corrozet [op, cit.^ éd. i586, fol. 68 r*) et ses continuateurs ou imitateurs. Sauvai (I, 359} dit que quelques curieux de cuivre ont dérobé et fondu cette épitaphe.

4. Sur la statue de la Mort, voir Bonnardot, Revue universelle des arts, t. III, p. 16. On l’attribue généralement à Germain Pilon. Lenoir, qui en donne un dessin dans sa Statistique et qui l’avait recueillie au Musée des Augustins, l’attribue à François Gentil. {Inventaire des richesses d’art de la France. Arch. du musée des Monuments français, t. II, p. 3i ; t. III, p. 168-X71.] — En 1788, lors de la suppression du cimetière des Innocents, cette statue fut déposée à Notre-Dame ; elle a passé, en 1793, au musée de Lenoir, qui lui a donné le n* 91 ; elle est actuellement à l’École des beaux-arts.

5. Il y a deux traditions sur l’origine de l’église du nom de Saint-Inno- cent ou des Saints-Innocents. Suivant l’une, ce serait un souvenir de l’enfiint






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