Page:Mémoires de la société géologique de France - 1re série - 1 - 1833-1834.djvu/138

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de lignite. Les trois couches réunies ont une épaisseur d’environ 1 pied. Elles sont immédiatement recouvertes par une argile ou marne bleuâtre renfermant des rognons calcaires d’une texture oolitique, et à celle-ci succède une argile grise renfermant un très grand nombre de cérithes, d’huîtres et de bivalves, qui sont probablement des cyrènes, coquilles dont l’association m’a immédiatement rappelé celles qui accompagnent le gîte de lignite de Sainte-Marguerite, Pourville et Varengeville près de Dieppe, et celles qui se trouvent dans le petit lambeau de terrain tertiaire de Newhaven (Sussex).

Le rapprochement des couches coquillières de Conchy-les-Pots avec celles de Newhaven, que les géologues anglais se sont accordés jusqu’ici à regarder comme inférieures au London-Clay, ne se fonde pas sur une simple ressemblance dans l’association de coquilles des deux localités ; l’ensemble des circonstances du gisement est fort analogue de part et d’autre.

Le pied de la falaise de Castle-Hill, près de Newhaven, est formé de craie blanche avec lits de rognons et couches de silex. Elle s’élève à environ 13 mètres, et est terminée supérieurement par une surface irrégulière. Au-dessus se trouve un sable quarzeux ferrugineux, contenant des veines très chargées d’oxide de fer. Dans quelques points des environs, ce sable est remplacé par un conglomérat à fragmens de silex, et à ciment très ferrugineux. Dans ce sable, ou plutôt à sa ligne de jonction avec la craie, se trouvent des cristaux de chaux sulfatée, et des rognons d’aluminate (Webstérite) auxquels cette localité doit une partie de sa célébrité. Au-dessus de ce même sable, on observe des couches d’argile d’un gris plus ou moins foncé passant au gris bleuâtre, et tournant au jaune par l’effet de la décomposition. Quelques unes de ces couches argileuses contiennent une grande quantité de coquilles, qui sont pour la plupart des huîtres, des cérites ou turritelles et des bivalves analogues aux cyrènes. Les deux dernières espèces sont réduites en une matière blanche très friable, ce qui rend très difficile d’en recueillir des échantillons déterminables. Cette même argile présente des traces de lignite ; elle n’est pas recouverte.

Si les bivalves analogues à des cyrènes dont je viens de parler étaient assez bien conservées pour qu’il fût possible de les déterminer rigoureusement, et si la position géologique d’une couche pouvait être fixée d’après une seule espèce de fossiles, on y trouverait une raison décisive pour placer les couches qui nous occupent près de Conchy-les-Pots, au même niveau que les couches à cyrènes du puits de Marly, dont la position ne présente rien de douteux, mais dont les fossiles, à la vérité, sont eux-mêmes fort mal conservés.

Voici en quels termes MM. Cuvier et Brongniart parlent de ces dernières couches dans la description géologique des environs de Paris. (Recherches sur les ossemens fossiles, t. II, p. 259, édit. de 1822.)

En creusant, en 1810, des puits destinés à l’établissement d’une nouvelle machine hydraulique (à Marly), on est parvenu, après avoir traversé toute la