Page:Mémoires de la société géologique de France - 1re série - 1 - 1833-1834.djvu/146

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Natica canrena ; Ranella marginata ; des Dentalium ; des Carynphyllites ; des dents de squale et des osselets d’autres poissons. Ces marnes alternent avec des bancs irréguliers d’un calcaire marno-argileux gris bleuâtre, assez endurci, et qui contient aussi des traces de coquilles. Ce calcaire n’est pas précisément en couches régulières, mais il a l’aspect d’énormes nodules ou amas lenticulaires soudés ensemble. Après ces alternances de marne et de calcaire, la section fait voir, en montant, un banc de gypse qui a également la forme d’amas considérables, et entourés de calcaire et de marne. Au-dessus, vient un banc de marne jaune, puis une masse de sable calcaire jaunâtre, ressemblant assez au calcaire grossier appelé moellon, dans le midi de la France, et contenant des huîtres et des térébratules, surtout la Terebratula ampulla. Sur ce calcaire se trouvent enfin plusieurs bancs de sable, alternant avec quelques lits de marne et surtout des lits d’un poudingue à petits grains, (pl. 8, fig. i.)

D’après ces détails, on ne peut guère douter que le gypse ne soit dans ces cantons à la partie supérieure des marnes subapennines. Cette opinion est aussi confirmée en d’autres points, où se présente, à quelques modifications près, la même succession de couches : à Ste-Agatha, par exemple, on voit aussi le gypse sur les marnes ; mais le calcaire qui l’environne a un aspect concrétionné avec des parties compactes, ressemblant à certains calcaires d’eau douce ; il contient de nombreux moules de coquilles indéterminables, peut-être marines, et d’autres restes, qui ressemblent à des polypiers et à des serpules, plutôt qu’à certaines tubulures qu’on voit souvent dans les roches calcaires d’eau douce. À Godiasco, autre localité du Voghérois, bien connue par ses sources d’eaux minérales, qui contiennent de l’iode et qui sortent des terrains tertiaires, non loin du terrain gypseux, il existe quelque légère différence ; certaine marne grisâtre avec des cristaux minces de chaux sulfatée, au lieu d’être recouverte par des sables, repose sur le gypse spathique et sur un banc d’un gypse gris-bleu presque compacte ou à petits grains, et est recouverte immédiatement par une couche considérable de cailloux roulés accompagnés d’une terre rougeâtre, qui se montre surtout à la partie supérieure. On ne voit pas précisément sur quoi repose le gypse, mais on ne peut douter que ce ne soit sur la marne subapennine, qu’on voit dans les collines, à côté du hameau, où se trouve aussi le calcaire marneux ordinaire de ces deux cantons, calcaire qu’on y exploite comme pierre à chaux.

Les gypses du Tortonois sont très souvent accompagnés de soufre qu’on m’a dit se trouver aussi dans le calcaire qui les avoisine, lequel contient encore, comme tout près de Tortone, une certaine quantité de fer sulfuré. Dans cette dernière localité, le calcaire est très compacte, il est traversé par de petites veines de calcaire spathique, et certains échantillons sont recouverts par un grand nombre de grains de fer sulfuré ; il est accompagné de marnes verdâtres, au milieu desquelles se trouvent parfois des nids de très petits cristaux limpides, qui paraissent