Page:Mémoires de la société géologique de France - 1re série - 1 - 1833-1834.djvu/147

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être de la strontiane sulfatée. Ce calcaire, qui plus que les autres du pays de Tortone, ressemble à certaines parties du calcaire secondaire à fucoïdes avec aspect ruiniforme, est dans une position qui ne permet pas de préciser quelles sont réellement ses relations de gisement. Il se trouve en effet en une masse presque isolée, entourée de terrains tertiaires de la partie supérieure et très loin de tout contrefort secondaire ; mais comme d’un côté il ressemble à des calcaires positivement tertiaires, et comme de l’autre, malgré sa ressemblance avec certains calcaires secondaires, je n’ai pas réussi à y trouver les fucoïdes qu’on voit abondamment dans ceux qui ont le plus d’analogie avec lui, je le regarderai jusqu’à nouvel examen comme tertiaire ; néanmoins il pourrait être une butte de calcaire secondaire, qui vient se faire jour sous les terrains tertiaires, à la limite de ceux-ci avec la plaine.

La présence du soufre n’est pas la seule circonstance remarquable de ces terrains ; il parait que les différentes sources minérales ou salées, qu’on connaît dans les collines subapennines, se rattachent à la formation gypseuse, du moins une grande partie de ces sources surgissent dans les environs du gypse. La plus remarquable est celle de Salso, dans le Plaisantin ; c’est la seule qui soit assez abondante et dont on fasse évaporer l’eau pour en extraire le sel marin ; elle est assez profonde, car c’est d’un puits qu’on tire l’eau qui sert à la saline : cette eau contient du pétrole surnageant à la surface. Les sources du Tortonois au contraire sont très peu considérables et à peine salées : je ne sache pas qu’on y ait trouvé du bitume.

Je remarquerai ici en passant, que ce n’est que depuis peu de temps qu’on est revenu de l’idée que le soufre et les sources salées caractérisent exclusivement les terrains gypseux de l’époque secondaire ; les observations faites sur les terrains salifères de la Pologne, que plusieurs géologues placent à présent dans la période tertiaire, prouvent qu’il n’est pas impossible de trouver des gypses accompagnés de soufre, de bitume et de sources salées, que leur position indique évidemment être tertiaires ; d’ailleurs comme il ne s’agit pas ici de sel en roche, il se peut bien que les sources proviennent, ainsi que quelques parties de pétrole, des terrains secondaires, qui se trouvent cependant dans le Tortonois assez loin de l’endroit où se voient les gypses et les sources, tandis que vers Salso ils en sont plus rapprochés. Cette supposition, du reste, qu’une partie des sources salées des collines subapennines, peut provenir des terrains secondaires, n’est pas tout-à-fait dénuée de fondement, puisqu’on en connaît plusieurs et assez abondantes dans ces terrains, auprès de Bolbio, dans la vallée de la Trebbia et de l’Avéto, où on les voit surgir d’un espèce de macigno et d’argile schisteuse un peu micacée, immédiatement inférieure à la grande masse de calcaire à fucoïdes à laquelle cependant ce macigno et cette argile peuvent se rattacher.

Il serait trop long de donner la description de tous les points des arrondissemens de Tortone et de Voghère, où se trouve le gypse ; je ne puis pas cependant passer