Page:Mémoires de la société géologique de France - 1re série - 1 - 1833-1834.djvu/156

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espèces dans ces régions lacustres, quoiqu’il n’en existe point en ce moment auxquelles on puisse les rapporter ; mais ce qu’il y a de certain c’est qu’elle ne peut pas la rapprocher du viscum album, comme Breislak l’a fait d’après le professeur Moretti. Dans le viscum album, en effet, les feuilles sont plus étroites à la base qu’au sommet, ce qui est précisément le contraire dans notre feuille, qui a plutôt la forme ovalo-elliptique, et qui a en outre trois nervures seulement de la base au sommet, au lieu de cinq qu’on observe très distinctement à la base de la feuille du viscum, lesquelles vont se perdre vers la pointe.

Si d’après ces déterminations et rapprochemens des espèces de plantes, qui habitaient autrefois les collines des environs de la Stradella, et qui ont laissé leurs traces dans les gypses de Montescuno, nous voulons hasarder quelques conjectures sur les changemens qui peuvent être arrivés dans ces pays, pendant cette longue période de temps qui s’est écoulée depuis lors, nous trouverons un singulier accord entre les restes de la flore de cette époque, comparée avec la végétation actuelle, pour établir un abaissement de trois ou quatre degrés dans la température moyenne de ces contrées ; et en effet, en supposant un tel abaissement, il ne devait pas y avoir de différences bien marquées entre la température moyenne qui existait alors dans les contrées autour de la Stradella et la température actuelle de la Provence, de la Corse et du royaume de Naples, où vivent à présent l’acer monspessulanum, le coriaria myrtifolia, l’alnus suaveolens et l’alnus cordifolia.

Quant aux autres traces de feuilles qu’on trouve dans les échantillons que vous avez recueillis, leur état de dégradation est tel qu’il est impossible de rien prononcer sur leur détermination. Je n’ai pas laissé cependant de représenter avec exactitude les traits qu’elles présentent encore de leur forme. Je crois qu’on doit imiter en cela l’exemple des antiquaires, qui conservent religieusement les pages décousues et déchirées d’anciens manuscrits, dans l’espoir que le temps puisse en faire trouver d’autres, qui, suppléant à ce qui manquait aux premières, fassent découvrir en entier le sens de ces précieuses écritures.