Page:Mémoires de la société géologique de France - 1re série - 1 - 1833-1834.djvu/175

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de faire de doubles emplois. Dans quelques points les couches sont horizontales, dans d’autres elles sont verticales. Ce calcaire alterne souvent avec des calcaires blancs ayant de la tendance à se feuilleter ; on voit bien cette disposition dans le chemin qui est au-dessus du village de Sibaïl ; on monte sur une couche de calcaire blanc argileux contenant des strates d’un gris noirâtre et présentant une très forte inclinaison de l’E. À l’O. (échantillon n° 1). Il m’est impossible de dire avec certitude quel est cet étage de calcaire ; d’un côté il a l’air d’être immédiatement inférieur au n° 7, fig. 5 ; de l’autre il semble être immédiatement superposé au terrain sablonneux, comme on va le voir ; le désordre est tel, que l’on ne peut, en traversant rapidement cette localité, y démêler la vérité. Il faudrait un long séjour pour pouvoir se rendre compte de toutes les anomalies.

Dans les strates précédens, à une hauteur de 2000 pieds au moins au-dessus de la mer, on trouve dans des trous et des anfractuosités des poudingues plus ou moins gros ; il y en a qui paraissent comme du sable agglutiné, d’autres ont les grains plus gros que le poing. Est-ce un accident de la roche ou une roche fragmentaire ? c’est ce que je n’oserais décider.

De ces couches fortement inclinées on arrive au terrain de calcaire jaunâtre qui est immédiatement supérieur aux grès. Il est formé de strates tantôt jaunes, tantôt verdâtres, paraissant contenir des sables et offrant des traces de coquilles diverses (échantillon n° a) ; la stratification est presque horizontale. Près du village d’Eden, ce terrain contient des gîtes d’argile ferrugineuse entièrement semblable à celle du Nazra.

Pour accorder ces observations entre elles, on peut supposer que les couches précédentes, fortement inclinées, sont du même étage que les formations calcaires supérieures aux calcaires jaunes et à la couche n° 9 du Sannine, et qu’elles ont été écartées pour laisser passer le calcaire jaune ; mais j’avouerai que je manque de preuves, et que ce n’est qu’une hypothèse assez probable. Le désordre considérable du penchant de la montagne a pu m’empêcher de reconnaître ce terrain que je n’ai fait que traverser très rapidement. À Eden, ainsi que jusqu’au sommet de la chaîne, la stratification étant presque horizontale, on rencontre, en continuant monter, des couches superficielles et l’on voit reparaître les alternatives de calcaire dur et de calcaire argileux. Bientôt on redescend pour arriver à Bicherré et on retrouve le calcaire jaunâtre, puis, pour la première fois, le terrain sablonneux situé au-dessous de lui : c’est le seul endroit du Mont Liban ou j’aie aperçu cette couche. Le village de Bicherré est situé à l’extrémité d’un vallon ou d’une coupure profonde, regardant à peu près à l’ouest ; la coupe des montagnes entre lesquelles est creusé ce vallon est la même que celle du Sannine. Sous une grande hauteur de calcaire blanc, on voit le calcaire jaune, et çà et là des lambeaux de la couche de Facra que le désordre laisse rarement apercevoir ; plus bas est le terrain de sable sur lequel est