Page:Mémoires de la société géologique de France - 1re série - 1 - 1833-1834.djvu/237

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des trachytes anciens et partis du même foyer, essayèrent de s’élever par quelques crevasses, mais, trop peu abondans pour vaincre la résistance des masses supérieures, ils se sont échappés latéralement.

Ainsi, l’histoire des phénomènes trachytiques offre trois périodes différenciées par la nature des laves et par leur mode d’émission. Il serait peu philosophique de considérer ces distinctions comme complètement absolues. Il suffit, pour qu’elles soient justifiées, que le caractère moyen de la période tranche nettement avec celui des autres époques, et c’est sous ce point de vue qu’on doit admettre les dénominations de périodes des coulées, des dykes, des filons, quoiqu’il y ait eu probablement des coulées dans la deuxième, des dykes dans la troisième, des filons et des dykes dans la première. On pourrait également les spécifier par les caractères de leurs laves ; car, dans la première, ce sont principalement des trachytes terreux et domitiques ; dans la deuxième, des trachytes rouges amphiboleux, ou gris et violets porphyroïdaux ; dans la troisième, des trachytes gris-noirs à petits cristaux de feldspath lamelleux.

Ce que vous avez entendu de la ressemblance de ces trachytes gris-noirs avec les trachytes anciens d’une part, avec les phonolites et les basaltes de l’autre, nous fait voir qu’un changement graduel s’opérait dans les laboratoires volcaniques, et nous montre une troisième émission de laves comme un nouveau terme d’une série dont la chimie pourra peut-être un jour nous révéler la loi. Ces nouvelles laves, ce sont les phonolites. Épanchées à l’état de pâte molle, elles se sont entassées autour de leurs cheminées, et se sont élevées en cônes. Outre les masses centrales déjà citées, on en trouve une très considérable dans le haut de la vallée du Falgoux. M. Bouillet m’en a indiqué une autre au sud ouest du Chavaroche ; mais je ne l’ai pas vue, et je ne sais s’il faut la rapporter aux trachytes du plateau de Dienne, ou aux véritables phonolites.

Pour faire soulever les nappes basaltiques qui couvrent les flancs du cône d’un manteau largement déchiré, il a fallu supposer que la sortie des phonolites avait eu lieu postérieurement à celle des basaltes. Je ne crains pas de dire que cette hypothèse est tout-à-fait contraire aux faits. M. Burat a clairement établi que dans le Velay, où la formation phonolitique est très développée, ces roches étaient antérieures aux basaltes, malgré quelques apparences décevantes. Le Cantal ne fait pas exception à cette loi ; non seulement aucune masse, aucun filon de phonolite ne coupe ou n’entame les basaltes, mais la Roche Blanche (ou roc Douzières), cette grande masse colonnaire de phonolite, qui domine de ses escarpemens prismés la vallée du Falgoux, est balafrée par un gros filon de basalte en connexion avec d’autres filons injectés dans les conglomérats et les trachytes qui forment la cheminée du phonolite. On peut citer aussi les basaltes de Puy-le-Froid, en Velay, qui contiennent des noyaux de phonolites. Vous voyez donc que les conditions d’âge manquent à ces roches aussi bien