Page:Mémoires de la société géologique de France - 1re série - 1 - 1833-1834.djvu/241

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présence d’une grande quantité de pyroxène dans le filon de l’Usclade est un caractère des laves basaltiques les plus modernes ; aussi bien ai-je trouvé entre les basaltes pyroxéniques du Cantal et quelques parties de la coulée de Tartaret, près du lac Chambon, au Mont Dore, une grande ressemblance. Ainsi ces basaltes, loin d’être très anciens, comme on l’a pensé, loin de pouvoir servir à démontrer que certains basaltes ont été antérieurs aux phonolites et contemporains des dernières éruptions trachytiques, représenteraient dans le Cantal la période la plus récente des émissions basaltiques dont les wackes de Bonnevie et de quelques autres points seraient la période moyenne. Les conglomérats remaniés qui s’appuient sur les flancs extérieurs du cratère contiennent sur plusieurs points des blocs nombreux de basalte criblé de pyroxène et d’olivine ; je puis citer comme exemple les environs d’Aurillac, où on donne à cette roche le nom singulier d’Œilde crapaud, qui rappelle le Toadstone des Anglais. Ces blocs ont-ils été amenés du Mont Dore par les eaux ? je croirais plus volontiers qu’on les trouvera quelque jour en place sur les flancs du Cantal, où tant de faits sont encore à explorer.

Dans cette histoire des éruptions qui ont successivement formé, agrandi, étendu le cône du volcan (car je ne puis lui refuser ce nom), je n’ai point parlé de soulèvemens ; c’est qu’aussi ils ont été peu considérables. On ne peut en attribuer qu’aux dykes et aux filons. On cite des conglomérats placés dans des positions singulières, et dont les couches relevées presque jusqu’à la verticale annoncent des dérangemens qu’on ne peut guère attribuer aux eaux. Mais observons que les bases des escarpemens du cratère sont stratifiées horizontalement, ou peu inclinées, et que ces apparences de dérangemens appartiennent presque exclusivement aux crêtes ; et rapprochons ce fait de la sortie sur ces crêtes de dykes trachytiques et basaltiques, et de la présence d’un nombre considérable de filons assez puissans ; ces dérangemens, ces soulèvemens locaux, n’auront plus droit de nous étonner. La Roche Blanche (voy. le dessin) peut être citée pour exemple ; coupée à pic du côté de la vallée du Falgoux, elle est séparée à l’est et à l’ouest par d’étroits ravins de conglomérats et de trachytes très déchirés ; au sud, des masses appartenant aux mêmes roches trachytiques, on peut dire à la même coulée, ont été portées à une assez grande hauteur par la poussée du phonolite, et plus tard les basaltes ont profité de la dislocation du terrain pour s’y introduire en filons nombreux. En se dirigeant vers Chavaroche, on retrouve la même coulée de trachytes gris et bruns encore coupée par un petit dyke de basalte. Des causes analogues, combinées à l’action des eaux, ont pu donner à certains conglomérats des contreforts extérieurs les formes bizarrement sculptées qu’ils affectent. Les basaltes modernes qui se sont peu montrés dans le Cantal, mais qui ont évidemment bouillonné sous ces massifs, sont probablement pour quelque chose dans ces effets.

Pour qu’un soulèvement général fut évident, il faudrait qu’à l’approche du