Page:Mémoires de la société géologique de France - 1re série - 1 - 1833-1834.djvu/242

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noyau volcanique les terrains calcaires et granitiques se montrassent plus ou moins relevés vers le sommet du cône, et que ce relèvement dût être incontestablement rapporté à une époque postérieure aux premières éruptions volcaniques. Si en quelques points les calcaires ont été dérangés par suite d’éruptions, éboulés par les tremblemens de terre, et que leurs lambeaux aient été empâtés dans les conglomérats (Giou de Mamou)[1], ce ne sont pas des preuves d’un soulèvement général. Dans d’autres points les calcaires n’ont pas été dérangés ; et, par exemple, les calcaires que l’on trouve sur la route de Murat aux Chazes. Je me trompe ; dans un point, à la Vayssière, ils sont inclinés de 24° et plongent vers le nord-ouest, c’est-à-dire à peu près en sens contraire du soulèvement central. Au reste, il ne faut pas aller chercher bien loin la cause de cette inclinaison ; en faisant quelques pas à l’est de la carrière, on voit dans le chemin même des boules de wacke affleurer ; et si l’on remonte un peu, on se trouve en présence d’un exemple clair et précis des soulèvemens locaux produits par la sortie des wackes. Ces basaltes sont accompagnés d’une belle brèche rouge dans laquelle sont empâtés de gros fragmens de calcaire. Au-dessus se trouve un conglomérat à blocs de trachyte et de basalte, et enfin de belles coulées de basaltes anciens et prismatiques, dont les surfaces sont inclinées sous un angle un peu moindre que les calcaires et plongent dans la même direction, de sorte que les wackes basaltiques paraissent être parties du foyer central placé sous le Cantal, et être arrivées au jour par un canal oblique montant dans la direction du nord-est. On voit par cet exemple que des soulèvemens locaux ont eu lieu, alors que la pression des matières superposées n’était pas trop considérable ; mais ces exemples ne prouvent pas un soulèvement général.

On a, dit-on, constaté un bombement général du sol tertiaire aux approches du massif. Mais rien ne prouve que ce bombement n’existait pas antérieurement au développement de l’action volcanique. On sera même fortement tenté de croire à cette antériorité si l’on songe que les volcans ne sont point un cause, mais simplement un effet. Que deux systèmes de fractions se rencontrent, il en résultera au point d’interjection une cheminée dans laquelle la pression exercée par la croûte solide du globe sur le noyau fluide, à la suite d’une contraction séculaire de notre planète, fera monter des laves jusqu’à ce que le tube d’ascension soit engorgé, ou l’équilibre de pression rétabli. Ce qui confirme cette manière devoir, c’est qu’on ne retrouve aucun débris du sol granitique à travers lequel l’action volcanique, considérée comme l’agent du soulèvement, aurait

  1. M. C. Prévost a soutenu que le mélange des calcaires et des conglomérats à Giou était le résultat d’un éboulement, d’un undercliff ; MM. Dufrénoy et de Beaumont le regardent comme le produit d’une éruption locale. Je crois qu’on peut accorder les deux opinions en se rappelant que des lacs ont dû occuper l’intérieur du cratère pendant les périodes de sommeil du volcan, et que l’écoulement de ces eaux par la gorge de Vic a pu causer des éboulemens dans les conglomérats qui avaient antérieurement empâté des lambeaux calcaires.