Page:Mémoires de la société géologique de France - 1re série - 1 - 1833-1834.djvu/245

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le Quayre, on voit deux gros filons de phonolite passer vers une de leurs salbandes à cette roche mate, friable et schisteuse, qui est l’objet de la contestation, et qui me paraît le produit évident d’une altération de la roche saine par des vapeurs acides.

C’est une vue ingénieuse que d’avoir supposé que les périodes d’éruption avaient été plus rapprochées dans les Monts Dore qu’au Cantal, et s’étaient presque confondues en Velay. La nature des roches justifie cette opinion. En effet, les trachytes inférieurs des Monts Dore sont gris, basaltoïdes, amphiboliques, et se rapprochent beaucoup de l’époque des filons ; les phonolites et les trachytes gris-noirs se confondent presque aux environs du lac de Cuery.

Je ne sache pas qu’au Mont Dore on ait trouvé du calcaire dans les tufs et les conglomérats. Mais j’ai vu du granite, de la protogine et de l’eurite gris en fragmens, tantôt arrondis, tantôt anguleux. Il est probable, d’après cela, que les masses volcaniques reposent sur les roches dites primitives.

Je ne terminerai pas cette note sans faire valoir, en faveur de mon opinion sur la formation et les altérations des cônes volcaniques du Cantal et des Monts Dore, un fait admis par MM. Dufrénoy et de Beaumont. Dans les Monts Dore ils ne reconnaissent plus un seul soulèvement produit par une force appliquée au centre du cratère, mais plusieurs centres de soulèvement dont rien ne prouve la formation simultanée. Or, ce qu’ils n’appliquent qu’à l’un des groupes, je le crois commun aux deux ; si l’effet est moins visible au Cantal, c’est que la cause a été moins puissante ; c’est que les filons et les dykes y sont bien moins nombreux et moins importans. Mais il est le même, et je ne puis que généraliser ce que j’ai déjà dit : le Cantal et le Mont Dore sont des volcans éteints dont les cratères d’éruption ont été déformés par des éruptions excentriques et sans simultanéité.

Lorsque j’ai songé à faire un mémoire sur le Cantal, j’ai dû soumettre à un examen attentif les roches recueillies dans mes excursions. Il m’a semblé que la première chose à connaître c’était leur composition, la proportion au moins approximative des corps qui la constituent, et le mode de combinaison de ces corps entre eux. Malheureusement les chimistes qui se sont livrés avec ardeur à l’analyse des espèces minérales n’ont presque rien fait pour celle des roches. Cette indifférence ne doit pas étonner ; les roches, en effet, n’offrent pas, comme les minéraux cristallisés régulièrement, des combinaisons définies susceptibles d’être formulées d’après les lois générales de la théorie atomique. Pour tirer parti de leur examen chimique, il faut pouvoir leur appliquer les observations géologiques. Cet enseignement mutuel des deux sciences apprendrait souvent à rapprocher ce que les apparences éloignent, et à mesurer l’importance des causes qui ont influé sur le mode d’émission, sur la diversité d’aspect des matières. Ces réflexions m ont conduit à discuter le petit nombre d’analyses déjà