Page:Mémoires de la société géologique de France - 1re série - 1 - 1833-1834.djvu/261

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Que les débris des roches, situées au centre des chaînes de montagnes, aient été long-temps retenus dans les cavités étagées sur le trajet des torrens, cela se conçoit sans difficulté. Mais l’immense volume des terrains de comblement des golfes et des lacs, situés au pied de ces chaînes, tant hautes que moyennes, atteste la démolition de masses très considérables presque dénuées de granites et de porphyres.

Si ces montagnes démolies ont fait partie de la bordure des chaînes, et si cette bordure a été composée principalement de schistes argileux et d’autres roches où le quarz abonde, le phénomène se trouve expliqué d’une manière satisfaisante[1].

Les graviers et les galets quarzeux auront été fournis par ces roches extérieures ; et les limons grisâtres argilo-siliceux des Pyrénées auront été remplacés, au pied des Cevennes, par les débris pulvérulent rougeâtres des roches calcaires qui y prédominent.

Les monumens de la démolition des montagnes argilo-quarzeuses se rencontrent dans toutes les régions moyennes et inférieures.

Le plateau de calcaire secondaire supérieur qui s’étend de Souillac à Cahors, sur un trajet d’environ dix lieues, entre la Dordogne et le Lot, est recouvert en grande partie d’une couche peu épaisse de limon toute parsemée de cailloux de quarz. Ces cailloux n’ont pu provenir que de la dégradation fort ancienne des montagnes situées près des sources de ces rivières.

Leur émission parait s’être faite sous les eaux de la mer plutôt que dans un lac ; et la hauteur du plateau, qui est de 7 à 8000 mètres, fait présumer que les galets y ont été répandus avant la fin de la période secondaire.

Ils seraient probablement agglutinés en pséphites et en lits plus épais, s’ils avaient été déposés dans un lac.

Essayons d’appliquer ces considérations au célèbre dépôt des cailloux de la Crau.

Les sept-huitièmes de ces cailloux sont quarzeux et en général plus volumineux que ceux de la Durance et du Rhône.

M. Dubois-Aimé a reconnu qu’ils étaient recouverts par le calcaire marin tertiaire[2] qui a saisi et cimenté ceux avec lesquels il est en contact ; ils reposent, d’ailleurs, sur un pséphite gomphoïde à cailloux calcaires, que sa composition et son gisement assimilent aux roches de même forme intercalées dans les dernières assises secondaires.

  1. On pourrait aussi alléguer que les roches granitiques et porphyriques ont été formées les dernières, et cette opinion est fort en vogue aujourd’hui. Mais comment supposer que le centre ou le noyau des montagnes est moins ancien que ses appendices ? D’ailleurs, les cailloux de ces roches centrales occupent les cavités supérieures des montagnes qui ont été comblées avant les inférieures.
  2. Ann. de chimie et de phys., t. XVII, p. 223.