Page:Mémoires de la société géologique de France - 1re série - 1 - 1833-1834.djvu/29

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de civilisation qui ne se retrouvent qu’à Calvi et à l’île Rousse, villes placées à peu près dans les mêmes circonstances de mouvement et de commerce.


Après ces aperçus généraux, qui m’ont semblé nécessaires parce qu’ils m’ont semblé peu connus, je vais m’occuper spécialement de ce qui est relatif aux caractères géologiques, et montrer qu’ils sont, comme tout le reste, fort différens dans les deux zones.


La zone occidentale est presque entièrement formée par des masses granitiques qui passent les unes aux autres en donnant lieu à une grande variété de roches. Le granite est traversé par une quantité de filons euritiques très considérable, surtout dans la partie septentrionale ; près de Vico, on en rencontre quelques uns qui se déliteut en boules juxta-posées de diverses dimensions, et donnent lieu à cette roche que l’on a nommée pyroméride globaire. Dans le Niolo, une grande partie des roches cristallines est demeurée à l’état de porphyre ; c’est dans ce pays que les porphyres atteignent leur plus grand développement, car ceux que l’on trouve dans la partie méridionale de l’île ne constituent que quelques filons. Les diabases forment en quelques points des montagnes puissantes ; et c’est dans un amas de cette nature, près de Sartène, que se trouve cette roche si connue sous le nom de granite orbiculaire de Corse ; l’amphibole se trouve groupée par zones concentriques, comme si ses molécules avaient été frappées d’immobilité dans leur marche vers un centre commun de cristallisation ; mais cet accident, si remarquable au point de vue théorique, ne s’est développé que sur une étendue de quelques mètres, et n’a que peu d’importance sous le rapport de la géographie géologique. Une disposition analogue se retrouve dans les montagnes situées au-dessus d’Ajaccio ; mais je n’ai point vu la roche dans son gisement, qui ne paraît pas être connu, et je ne l’ai étudiée que sur des échantillons enlevés à un bloc roulé près de Bocognano : les orbes sont simples et de petites dimensions.


Une formation, composée principalement de schistes micacés et talqueux, alternant avec des couches de grès et de calcaire, et enclavant des roches serpentineuses qui en quelques points atteignent un grand développement, occupe la zone orientale. La direction moyenne des couches est la même que celle de la chaîne, mais elles plongent tantôt à l’est et tantôt à l’ouest ; elles paraissent reposer assez régulièrement sur les pentes de la chaîne granitique ; mais, à la rencontre de l’axe de soulèvement du cap Corse, elles se redressent en sens contraire, et forment par leur inclinaison la pente occidentale de cette chaîne. Sur la pente orientale, tantôt elles continuent à plonger à l’ouest, comme cela se voit aux belles montagnes calcaires du cap Corse ; tantôt elles reprennent une inclinaison parallèle à celle de la montagne, et descendent à l’est, comme sur la côte de Bastia et sur la pente du Santo-Pietro.