Page:Mémoires de la société géologique de France - 1re série - 1 - 1833-1834.djvu/38

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analogues, renfermant des oursins semblables, et entassées dans les mêmes proportions ; dans les couches du calcaire inférieur, des peignes de même nature mélangés avec des oursins ; et enfin comme masse principale du terrain, des couches de calcaire minéralogiquement semblables, dépourvues de fossiles distincts, parsemées de sable, composées presque uniquement de détritus de corps marins, empreintes du même aspect pittoresque, avec leurs accidens de grottes et de galeries, et leurs lignes rubannées de schistes transversaux.

Le calcaire d’Aleria demanderait une étude plus détaillée que celle que j’ai été à même d’en faire, à cause de l’état complètement désert dans lequel se trouvait le pays lorsque je l’ai visité, et du danger qu’eût entraîné un plus long campement. Aussi, je dois dire que je n’ai pas de données suffisantes pour établir une similitude parfaite entre ce dépôt et les deux autres, bien que le voisinage et l’analogie de quelques fossiles puissent constituer entre eux certains rapports. Les lambeaux tertiaires qui se montrent à Saint-Florent et à Bonifacio, quoique assez rapprochés de celui-ci, appartiennent cependant au versant opposé des montagnes, sont considérablement plus élevés au-dessus de la mer, et forment enfin des dépôts calcaires beaucoup plus solides et plus massifs ; il ne serait donc pas impossible que la comparaison de ces divers lambeaux faite sur des collections complètes de leurs fossiles (seul moyen d’arriver à la certitude dans un cas comme celui-ci, où l’étude de la superposition fait entièrement défaut), il ne serait pas impossible que cette comparaison, tout en laissant à l’étage moyen les dépôts de Saint-Florent et de Bonifacio, tendît à faire remonter celui d’Aleria vers l’étage supérieur. Au reste, les questions relatives à ces sortes de divisions des âges modernes, sont d’une extrême difficulté, car, dans les dépôts récens qui sont riches en fossiles, il n’est pas rare de voir telles ou telles espèces vivre de préférence en compagnie, et en des points déterminés du bassin ; et lorsqu’on est réduit à ne pouvoir observer que des lambeaux isolés et restreints, on est exposé à trouver dans la roche des caractères minéralogiques différens, et dans les fossiles des espèces différentes : ce n’est donc que par une sorte de statistique exacte et détaillée des fossiles de ces dépôts que l’on peut arriver à fixer d’une manière précise leur position dans l’échelle des temps. La difficulté augmente encore lorsque les terrains que l’on doit étudier appartiennent à des îles dans lesquelles les mollusques vivans offrent des variétés particulières, et différentes de celles des côtes voisines, car il est probable que les espèces qui les ont immédiatement précédées dans ces îles et sur les côtes voisines, ont dû offrir entre elles une différence analogue.

Quant aux relations entre Bonifacio et la Sardaigne, elles sont tellement évidentes, qu’elles ne paraissent pas susceptibles de contestation. Le calcaire de la pointe méridionale de la Corse n’est qu’un lambeau du vaste dépôt qui forme la plaine occidentale de Sardaigne ; il en aura été séparé peut-être par quelque fissure analogue à celle de Stintina et du port de Bonifacio, et dont on retrouverait