Page:Mémoires de la société géologique de France - 1re série - 1 - 1833-1834.djvu/383

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Ainsi le système du sable ferrugineux et de quarzite de Noirmoutier serait donc le prolongement du système du grès vert et de la craie de l’île d’Aix.

Mais il se pourrait que ce rapprochement ne fût pas aussi complet que je viens de l’indiquer, puisque d’après des empreintes végétales trouvées dans la butte du Pélavé, notre confrère M. Boué avait en 1825, dans son Mémoire sur le sud-ouest de la France (Annales des sciences naturelles, t. IV, p. 158, an 1825,) rapporté au grès vert le quarzite et le grès qui composent ce monticule du Pélavé. Ainsi, pour M. Boué, ce quarzite ne se séparerait pas du sable ferrugineux, et ne formerait plus avec lui qu’un seul grand groupe de grès vert.

L’inclinaison du grès vert de Noirmoutier serait due au même système de révolution qui a redressé les couches du grès vert de l’île d’Aix, et se rapporterait au système du mont Viso que notre savant confrère M. de Beaumont place entre la craie tufeau et la craie blanche, et se dirigeant au nord 30° ouest. Le système du terrain tertiaire marin de Noirmoutier ne présente qu’une espèce de roche calcaire compacte ou coquillière qui a aussi enveloppé quelques débris provenant de roches primaires et de sable ferrugineux.

Les savantes observations que mon ami et confrère M. Desnoyers a faites sur les terrains tertiaires du nord-ouest de la France (voyez Bulletin de la Société géologique de France, p. 414 et 443 an 1832) l’ont conduit à reconnaître, dans les divers petits bassins de calcaire tertiaire du département de la Loire-Inférieure, deux dépôts successifs d’âge différent ; l’un, contemporain du calcaire grossier parisien, se présente par exemple à Cambon sur la rive droite de la Loire ; l’autre, contemporain du falun de l’Anjou, aux Cléons, rive gauche de la Loire.

Si nous envisageons ce calcaire marin sous le rapport de ses élémens composans, de sa texture compacte, des espèces fossiles qu’il renferme, on ne peut, je crois, se refuser à le regarder comme l’équivalent du calcaire de Cambon.

Mais sa position physique de gisement au-dessous du niveau de la mer ne s’accorderait pas avec l’opinion émise par M. Desnoyers (Bulletin de la soc. gèolog. de France, page 444, an 1832), « que les faluns sont presque toujours au pied des calcaires tertiaires plus anciens. »

Si, comme je le pense, le calcaire marin de Noirmoutier est contemporain du calcaire grossier parisien, on aura donc à Noirmoutier un fait entièrement opposé à celui que M. Desnoyers a observé près l’ancienne mine de Pompéan (Ille et Vilaine) ; puisque le falun des Cléons est de beaucoup supérieur au calcaire grossier de Noirmoutier.

La position de ce calcaire grossier tertiaire de Noirmoutier, au-dessous du niveau des marées moyennes, n’est pas une anomalie et un fait isolé, sur les côtes des départemens de l’ouest, car j’ai eu occasion, en novembre 1833, de visiter avec messieurs de Beaumont et Dufresnoy le bassin de calcaire grossier à Miliolites, des environs de la ville de Machecoul (Loire-Inférieure), lequel forme une vaste plaine s’étendant jusqu’à la mer, et dont la surface n’est guère plus