Page:Mémoires de la société géologique de France - 1re série - 1 - 1833-1834.djvu/57

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grès les contiennent, car les masses supérieures du macigno en présentent en Toscane. On n’a pas encore établi les équivalons des schistes gris et du calcaire sur lesquels reposent le grès inférieur. L’observation du calcaire grenu, et des autres roches du Cap Corvo et des Alpes apuennes n’avancent pas non plus nos recherches, car toute roche plus récente peut reposer sur une plus ancienne, sans déterminer pour cela l’époque de son dépôt.

Il ne nous reste donc que les fossiles des calcaires de la Spezia. Admettant qu’ils ont été bien déterminés, nous avons là un mélange de restes organiques qui éloignent le dépôt aussi bien des groupes carbonifères, et de là grauwacke, que de l’époque oolithique, quoique la masse des preuves soit plutôt pour le placer dans cette dernière.

Nous sommes accoutumés à admettre en Angleterre et en France que les Bélemnites ne descendent pas au-dessous de la formation jurassique, et ne remontent pas au-dessus de la craie ; d’après cette idée préconçue, notre dépôt ne pourrait être que jurassique ou crétacé ; mais si nous considérons les Orthocères, nous serions disposés à placer le calcaire de la Spezia dans le groupe carbonifère ou la grauwacke. Les Ammonites ne nous apprennent rien de plus, car, d’après Sowerby, deux espèces se retrouvent dans les houillères de l’Angleterre et de l’Allemagne.

Ainsi, dans ce cas, vu nos connaissances limitées, les déterminations à l’aide des fossiles sont impossibles. Les idées d’après lesquelles on voudrait se diriger reposent uniquement sur l’examen d’une partie de l’Europe assez éloignée du pays décrit. Cette distance, et probablement les conditions différentes des dépôts, ont pu produire des anomalies. Admettant les roches de la Spezia comme équivalentes à toute la masse oolithique, ou à une partie de ce dépôt dans l’Europe occidentale, doit-on regarder comme probable que les mêmes circonstances physiques étaient communes à toute cette partie du globe, ou doit-on penser que ces circonstances étant différentes, des variations essentielles minéralogiques et géologiques en ont été le résultat ?

En terminant, je ne veux plus que fixer l’attention sur le mélange de fossiles particuliers dans trois points éloignés les uns des autres, savoir : les Alpes du Salzbourg, celles du Dauphiné et de la Savoie, et les environs de la Spezia. Dans le premier lieu, des Orthocères sont associées à des Ammonites et à des Goniatites ; dans le second, des Bélemnites sont avec des plantes des houillères, et dans le dernier, des orthocères sont réunies avec des Bélemnites et des Ammonites soit du lias, soit du terrain carbonifère.

Ces mélanges peuvent maintenant passer pour accidentels ; mais lorsque les fossiles des dépôts de l’Europe orientale seront mieux connus, il est probable que cette prétendue anomalie se trouvera en harmonie parfaite avec les lois générales de la nature sur la distribution des restes organiques.