Page:Mémoires de la société géologique de France - 1re série - 1 - 1833-1834.djvu/62

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acides qui auraient ainsi formé les gypses tertiaires. Dans ce cas, des gypses que l’on aurait regardés jusques à aujourd’hui les uns comme secondaires, les autres comme tertiaires, se trouveraient être de la même époque. L’aspect différent qu’ils présentent s’expliquerait aisément par leur mode particulier de formation, les uns ayant été déposés au fond d’un lac d’eau douce tertiaire, les autres dans les montagnes voisines, sous l’influence d’une haute température, et au fur et à mesure que les eaux des sources thermales s’évaporaient.


Sainte-Eugénie, Frayssinelle, la Quille.

Au S.-O. de Narbonne, à la hauteur de Peyriac, en quittant la grande route pour suivre le ravin des Pigeonniers, à peine a-t-on quitté les formations d’eau douce pour marcher sur le calcaire marneux secondaire, que l’on rencontre subitement un amas de gypse fibreux à couches sinueuses, bariolées de plusieurs couleurs, renfermant quelques couches subordonnées de marne rougeâtre et de nombreux cristaux de quarz prismé.

Les couches de gypse, quoique flexueuses, sont en général verticales et dirigées au N.-O., c’est-à-dire de la même manière que les roches qui établissent la communication géognostique des Pyrénées avec les Cévennes (défilé d’Argens, vallée de l’Aude). Avant d’atteindre la campagne de Sainte-Eugénie, on observe un amas de tuffas et de wackes qui ont la plus grande analogie avec ceux des volcans éteints de la France méridionale. Ces tuffas ne font pas effervescence avec les acides ; ils sont ordinairement rougeâtres, souvent gris ou verdâtres, traversés par de petites veines de gypse, et renfermant de petites boules de zéolithe blanche, et des fragmens roulés de gypse. Quelquefois ces mêmes roches ignées sont extrêmement compactes, et renferment du péridot disséminé. Cette formation est recouverte immédiatement par le calcaire secondaire, jet se prolonge au-delà de Sainte-Eugénie, dont les murs sont assis dessus.

Au-delà de Sainte-Eugénie le gypse empâte des amas de wacké renfermant des masses de basalte qui se décomposent en couches concentriques, et qui renferment des cristaux de péridot.

La présence du basalte dans ce terrain nous semble un fait d’une grande importance, parce qu’il ne laisse aucun doute sur son origine ignée.

Aux environs de ce dépôt basaltique, en allant vers le roc du Chevrier, on observe des roches vertes très compactes analogues aux mélaphires ou à quelques roches serpentineuses, et qui nous semblent être de la même époque que les wackes et les basaltes. M. Pareto, observateur infatigable dont les importans travaux sont connus de tous les géologues, et qui a visité avec nous Sainte-Eugénie, a observé un fait intéressant, et qui donne une nouvelle preuve de l’origine volcanique de ces terrains. Il a vu que quelques unes des roches secondaires qui avoisinent le gypse et les wackes étaient recouvertes d’un enduit igné