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situation extérieure de la france

toute élaboration du plan de guerre, la situation extérieure doit être indiquée nettement par le ministère des Affaires étrangères. Par réciprocité, ce dernier doit être exactement renseigné sur les ressources militaires et maritimes des puissances européennes, en raison de la répercussion sur la politique extérieure ; en outre, il doit être fixé sur l'importance de nos forces armées, nos finances, et orienté sur nos projets militaires.

Or, jusqu'en 1906, le ministère de la Guerre n'a été orienté que par les rapports de ses attachés militaires et les conversations personnelles du chef d'état-major général, et du ministère des Affaires étrangères. De ce fait, il a manqué de vue d'ensemble : c'est ainsi que nous avons pendant longtemps maintenu sur la frontière du sud-est une armée nombreuse et excellente, faute de connaître la convention Prinetti.

Or, si on parcourt le compte rendu des séances du Conseil supérieur de la Défense nationale cependant chargé d'examiner toutes les questions qui exigent la coopération de plusieurs départements ministériels, on n'y trouve qu'incidemment quelques indications sur l'attitude éventuelle de l'Angleterre et de l'Italie. Nous estimons qu'il est temps de faire mieux, d'assurer la convergence des efforts nécessaires à la préparation du plan de guerre.

Comme conclusion, et comme conséquence de la réorganisation récente du Conseil supérieur de la Défense nationale, il semble nécessaire de faire établir par les ministres compétents un memorandum donnant un aperçu complet de la situation politique, un état sommaire des forces militaires et des moyens financiers des divers États et une situation financière et militaire de la France.

Ainsi documenté, le Conseil pourra dégager les hypothèses de conflit les plus vraisemblables, émettre des avis et préparer des directives répondant à ces hypothèses.

Le Conseil supérieur de Défense nationale devait se réunir à l'Élysée, le 11 octobre, sous la présidence de M. Fallières. J'y fus convoqué. Les questions soulevées par la note ministérielle fussent discutées.

Le ministre des Affaires étrangères, M. de Selves, déclara qu'à son avis, c'était au ministre de la Guerre qu'il appartenait d'indiquer ses intentions de guerre et ses