Page:Mémoires du maréchal Joffre (1910-1917) T.1.pdf/13

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
4
mémoires du maréchal joffre

du 4e Bureau, étudiait le problème nouveau des transports en cours d'opérations que j'envisageais. Je dois dire que le colonel Favereau, alors chef de ce bureau, se montrait peu partisan de ce qu'il appelait "des innovations" et se déclarait sceptique sur les possibilités pratiques de ces transports improvisés, tant était encore rigide et timide la vieille conception de l'emploi des chemins de fer en temps de guerre.

La première étude, qui traitait le partie tactique du problème, me permet de mettre au point bien des questions, notamment dans la guerre moderne, et aussi, ce qui était le but initial de mon étude, la question d'artillerie.

Or, la défense des Hauts-de-Meuse posait un problème que ne parvenait pas à résoudre la trajectoire tendue du 75 : il existait tout le long de ces côtes abruptes des angles morts considérables que l'on ne pouvait arriver à battre.

Cette étude générale fut poussée en octobre-novembre 1910 dans tous ses détails : nous envisageâmes aussi bien la tenue du front défensif initial que le siège des places allemandes, et j'en arrivai à conclure à la nécessité pour nous de posséder un obusier léger de 105 ou de 120 susceptible de tirer sous de grands angles et de remplir par conséquent les mêmes tâches que le canon de campagne, mais contre les objectifs défilés.

Le rapport circonstancié que j'adressai à ce sujet au ministre fut transmis au général Michel qui avait succédé au général Trémeau comme vice-président du Conseil supérieur de la guerre, et exerçait en même temps les fonctions de président de la haute commission des places fortes. Or le général Michel répondit que l'adoption d'un obusier léger ne s'imposait pas ; il considérait que le 155 Rimailho devait suffire comme pièce de siège et de campagne ; il demandait que chaque corps d'armée en reçut seulement un groupe. Je ne partageais nullement son avis en ce qui concernait le Rimailho impropre aux besognes qu'on en attendait.