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mémoires du maréchal joffre

que l'état des pourparlers secrets entre les états-majors britannique et français.

Le ministre de la Marine exposa les mesures navales convenues entre l'amirauté britannique et l'état-major de la Marine française : la flotte britannique se réservait les opérations dans la mer du Nord, la Manche et l'Atlantique, tandis que la flotte française aurait à conduire les opérations en Méditerranée.

A mon tour, je fis connaître que nous pourparlers avec l'état-major britannique au sujet des forces de terre, avaient porté sur 6 divisions d'infanterie, 1 division de cavalerie et 2 brigades montées, soit, au total, 125 000 combattants.

Après étude il avait été admis que cette armée, embarquée dans les ports d'Angleterre et d'Écosse, viendrait atterrir à Boulogne, le Havre et Rouen. Après débarquement, un séjour de vingt-quatre heures dans des camps avait été prévu ; puis les unités britanniques seraient transportées dans la région Hirson-Maubeuge. Dans ces conditions, nos alliés éventuels seraient en mesure d'entrer en opération dès le quinzième jour de la mobilisation.

En me plaçant du seul point de vue militaire, que mon devoir m'obligeait de présenter au gouverneur, je fis alors observer que si nous pouvions mener notre offensive à travers la Belgique — en admettant qu'aucune autre considération ne s'y opposât et qu'on pût se mettre à l'avance d'accord avec le gouvernement belge — cela simplifierait le problème qui nous était posé, et augmenterait singulièrement nos chances de victoire. Invité à développer cette idée, je m'exprimai ainsi :


Le plan le plus fécond en résultats décisifs dans l'éventualité d'une guerre avec l'Allemagne, consiste à prendre, dès le début des opérations, une vigoureuse offensive, pour en finir d'un seul coup avec les forces organisées de l'ennemi.

L'existence à proximité de la frontière franco-allemande d'obstacles naturels et de barrières fortifiées cantonne notre offensive dans des régions étroitement limitées : l'Alsace est fermée au nord par le système Strasbourg-Molsheim ; elle est