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région entre Mézières et Hirson, répondrait à tous les besoins, sans qu'il soit nécessaire de dépasser cette dernière localité, en admettant, bien entendu, que la mission de former l'échelon extrême de notre gauche incomberait à l'armée anglaise. En effet, dans le cas d'opérations offensives en Belgique, se développant vers le nord jusqu'à Dinant, cet échelon de gauche pourrait atteindre la Meuse aux environs de cette ville en trois étapes aussi vite que s'il partait d'Avesnes ou de Maubeuge. Il serait également bien placé pour suivre le gros des armées si, l'ennemi refusant sa droite, notre offensive devait se maintenir au sud de la région difficile limitée par la ligne Paliseul, Saint-Hubert, Houffalize. Dans le cas où nous serions réduits provisoirement à la défensive stratégique, cette région me semblait encore convenable car, de là, notre gauche pourrait s'opposer efficacement à l'ennemi obligé, pour éviter l'obstacle de la forêt des Ardennes, de se rejetter soit sur Sedan, soit sur Dinant. Enfin, dans le cas où la neutralité belge serait respectée par le Allemands, cet échelon aurait à s'employer vers le Luxembourg. Il est vrai que dans ce cas les derniers éléments combattants se trouveraient à Hirson à quatre étapes environ des têtes de colonnes. Mais cet inconvénient n'avait pas une très grosse importance si l'on tient compte du chiffre élevé des effectifs mis en oeuvre et de la nécessité de rester toujours en mesure de parer à une manœuvre débordante de l'ennemi par le Luxembourg belge.

En ce qui concernait l'armée anglaise, vu l'impossibilité de prolonger les deux courants de transport qui lui étaient affectés, deux divisions seulement pourraient se concentrer entre Hirson et Mezières, les autres divisions débarquant entre Hirson, Avesnes et le Nouvion, la cavalerie et l'artillerie entre Landrecies et Maubeuge. Par suite, Hirson marquerait le centre de gravité de la zone de concentration anglaise. Cette situation de fait avait pour conséquence d'augmenter de deux étapes environ l'échelonnement en profondeur du dispositif général ; elle aggravait encore les inconvénients résultant du débarquement tardif des divisions