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la mise sur pied du plan xvii

dispositif, courant ainsi le risque de ne pas être en mesure d'intervenir en temps unite du côté décisif. En outre, le plan XVI n'avait fait que des prévisions insuffisantes en ce qui concernait l'éventualité d'une offensive allemande par la Belgique.

Sans doute, la variante de septembre 1911, adoptée sous la pression des événements, avait sensiblement amélioré la situation, mais elle offrait tous les défauts des solutions de fortune. "Or, disais-je, la situation extérieure s'est profondément modifiée ; la transformation de l'armée russe consécutive à la guerre de Mandchourie n'avait commencé qu'en 1908, mais elle va être terminée : l'artillerie lourde de campagne va être au complet, l'équipement des formations de réserve est constitué ; l'Angleterre paraît plus que jamais décidée à nous appuyer : en juillet 1911, le War Office a pris la décision d'envoyer sur le continent non plus une partie mais la totalité de son armée de campagne, et de hâter la mobilisation et le transport de cette armée ; la collaboration des deux marines est assurée. En ce qui concerne l'Italie, on peut de plus en plus espérer qu'elle n'interviendra pas sérieusement dans un conflit avec la France ; en tout cas, son intervention ne sera pas immédiate."

Comme conséquence de cette situation, il devenait possible de ne laisser sur les Alpes que des formations de réserve, de transport dès le début les 14e et 15e corps d'armée vers le Nord-Est, et ultérieurement les unités laissées en couverture sur la frontière italienne, enfin de compter sur le transport certain du 19e corps d'armée en France. L'Allemagne était, par contre, obligée à plus de précautions sur sa frontière orientale, ce qui venait de l'amener à créer un XXe corps d'armée à Allenstein.

D'autre part, le rendement de nos voies ferrées s'était considérablement amélioré : le nombre des marches utilisables sur les lignes de transports avait pu passer de quarante-huit à cinquante-six ; tous les travaux entrepris allaient être terminés à la fin de 1912 ; grâce à cette intensité plus grande donnée aux transports, il allait être possible