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de gagner un jour sur la durée de la concentration des éléments combattants. D'autres travaux qui devaient être terminés, les uns en 1913, les autres en 1914, donneraient encore plus de souplesse et permettraient le groupement des corps d'armée dans la zone de concentration au gré du commandement.

Les derniers renseignements nous signalaient, par contre, l'activité allemande dans la construction du réseau stratégique de la région de l'Eifel, et l'importance des quais militaires neufs dans la région de l'est de Malmédy, "ce qui prouve, disais-je, chez l'état-major allemand une tendance de plus en plus grande à porter vers le nord l'aile droite de son dispositif de concentration, et à englober le Luxembourg et la Belgique dans le théatre des opérations."

Je terminais mon rapport en disant que la concentration actuelle ne cadrait plus avec la situation extérieure, l'état de nos forces et le rendement de nos voies ferrées. Elle ne me paraissait pas se prêter complètement aux mouvements que nécessiterait une offensive en Belgique en cas de violation du territoire belge par les Allemands. Pour toutes ces raisons, un nouveau plan me paraissait nécessaire ; mais il était indispensable qu'il reposât sur une organisation de l'armée parfaitement définie. "Or, concluai-je, le plan XVI, mis à l'étude le 2 août 1907, n'a pu entrer en vigueur que le 1er mars 1909, c'est-à-dire dix-sept mois plus tard ; actuellement nous estimons à quatorze mois le temps nécessaire à l'établissement du plan nouveau : si on veut qu'il soit appliqué au printemps 1914, il faut se hâter de faire voter les lois des cadres de l'infanterie, de la cavalerie, du génie et de se mettre au travail de préparation dès le début de 1913."

Toutefois, je ne pouvais me faire d'illusions. En tenant compte des lenteurs législatives et du temps nécessaire au travail matériel de l'élaboration d'un nouveau plan, je comprenais fort bien que celui-ci ne pourrait entrer en oeuvre que dans un délai encore fort éloigné. Aussi me parut-il nécessaire de recourir encore une fois à une solution provisoire qui, en améliorant les conditions de la