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mémoires du maréchal joffre

les 10e et 11e corps dans la plaine de Champagne.

J'ai dit également qu'une manœuvre stratégique conduite soit par le Grand-Duché, soit par le Luxembourg belge, nécessitait l'inviolabilité absolue du front de la Meuse, outre qu'il était nécessaire de limiter en Woëvre la puissance offensive de la position Metz-Thionville. Or, vers le Nord, Verdun formait le môle de nos positions, et il était nécessaire de renforcer l'occupation des Hauts-de-Meuse aux alentours de cette place. Aussi fut-il décidé que le troisième groupe de divisions de réserve, concentré dans la variante de septembre 1911 entre Sainte-Menehould et Bar-le-Duc, se concentrerait dorénavant de part et d'autre de Verdun en vue de l'occupation éventuelle des Hauts-de-Meuse entre Damvillers et Hattonchâtel. Pour parvenir à ce but, il fut nécessaire de modifier la composition des 3e et 4e groupes de divisions de réserve : le 4e G. D. R., dont la concentration n'était pas modifiée, comprenait maintenant les 51e, 60e, 62e D. R. ; le 3e G. D. R., les 52e, 53e et 54e D. R. ; la 52e se concentrait sur la Meuse de Stenay à Dun, la 53e dans la région Varennes-Montfaucon, la 54e, sur la Meuse de Dieue à Troyon.

Ces deux principales modifications concernant les zones de concentration de la 6e armée et du 3e G. D. R. constituèrent ce qui prit le nom de la variante n°2 au plan XVI. Il fallut cinq mois environ pour l'établissement et la mise en place de tous les documents destinés à son exécution éventuelle ; ce fut au moins d'avril 1913 seulement que la nouvelle variante put entrer en vigueur. Elle nous permettait d'attendre dans de meilleures conditions la réfection totale du plan.

Si l'on considère les transformations successives que le plan initial XVI a subies du fait des variantes 1 et 2, on constate que celles-ci ont surtout été motivées par l'importance de plus en plus grande que prenait à nos yeux l'éventualité de la violation du territoire belge par des forces allemandes. Pour parer à cette menace éventuelle, le centre de gravité de l'ensemble des forces du théâtre nord-est remontait de plus en plus vers le Nord. On remarquera